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L’entretien du mois : Alain Zué Ndemezo’o « Ali Bongo essaie de corriger les errements des différents acteurs de son camp politique qui n’arrivent toujours pas, à lui donner satisfaction, malgré les différents programmes politiques et économiques proposés à ses compatriotes depuis 2009 »

Au lendemain du dernier discours à la Nation du chef de l‘Etat le 31 décembre dernier, Alain Zué Ndémezo’o, président  du Mouvement Patriotique Chrétien, revient sur cette actualité qui continue toujours à alimenter les débats dans le pays, au regard des annonces faites.  Dans cet entretien, l’homme politique revient largement sur la dernière révision de la constitution, dont le projet a été voté en congrès. « La révision de la constitution n’est pas forcément une mauvaise chose. Dans le cas d’espèce, concernant certains articles, comme celui relatif à la vacance du pouvoir, nous pouvons toujours nous accorder à dire que le projet du gouvernement est aussi une prévention, un verrou  qui empêcherait de mener notre pays vers l’inconnu », pense t-il. Lecture.

 

Pyramiméiagabon : Que retenez-vous du discours à la nation du chef de l’État?

Alain Zué Ndemezo’o : Le discours du chef de l’État se résume à un ensemble de souhaits, pour une reprise en mains  d’une politique qui n’a pas produit les effets escomptés pour répondre aux attentes des gabonais. En faisant un bilan froid, au regard de sa durée au sommet de l’État, Ali Bongo se redéploie et essaie de corriger les errements des différents acteurs de son camp politique qui n’arrivent pas, jusque-là, à lui donner satisfaction malgré les différents programmes politiques et économiques proposés à ses compatriotes depuis 2009.

 

Que voulez-vous dire concrètement?

 De manière plus claire, le chef de l’État a exprimé un bon nombre de souhaits. Il aurait été intéressant que des pistes de solutions, des mécanismes et des réformes soient aussi annoncés dans le sens de    présenter aux gabonais, la possibilité de corriger les errements et de redresser les facteurs qui ont conduit au retard dans la mise en œuvre des programmes économiques.

 

Avant le discours à la nation du chef de l’État, le pays a été secoué par le projet de révision de la constitution. Quel a été  votre sentiment?

 

La révision de la constitution n’est pas forcément une mauvaise chose. Dans le cas d’espèce, concernant certains articles comme celui relatif à la vacance du pouvoir, nous pouvons toujours nous accorder à dire que le projet du gouvernement est aussi une prévention, un verrou  qui empêcherait de mener notre pays vers l’inconnu. Toutefois, la question étant très sensible, la sagesse collective nous recommande de  nous appuyer sur les exemples des pays comme le Ghana ou cela est appliqué.

 

Cette révision pouvait-elle être évitée?

Oui. Si les leaders politiques de l’opposition avaient fait preuve de patriotisme entre 2016 et 2018. Je m’explique. En politique, lorsque vos forces ne vous permettent pas de vaincre votre adversaire au cours d’une élection, qui plus est, le parti au pouvoir avec tous ses moyens, la meilleure stratégie pour l’intérêt des populations est de vous préparer pour d’autres batailles. Voyez-vous,  si Jean Ping et consorts avaient préparé les élections locales et législatives, le PDG et alliés n’auraient pas obtenu autant de sièges de députés à l’actuelle Législature. Or, en prônant le boycott tel que nous l’avons connu, le pouvoir en place a profité du boulevard que lui a offert la Coalition pour la Nouvelle République. Le PDG  n’aurait jamais eu plus de deux tiers de députés à l’assemblée nationale. Et c’est exactement  ce qui a permis la révision de la constitution non seulement sur la dépénalisation de l’homosexualité, mais aussi sur la vacance du pouvoir et autres. C’est ce qui nous amène à penser qu’en réalité, les Gabonais souffrent de l’égoïsme de leurs leaders politiques qui pensent d’abord à leur avenir avant celui des compatriotes et celui du pays. Regardez ce qui se passe en ce moment à L’Union Nationale. C’est effarant.

Votre mot de fin.

Je crois sincèrement que nous devons retrouver notre entière lucidité pour repenser autrement la construction de notre pays. Non seulement notre vivre ensemble est de plus en plus menacé, mais l’avenir de notre pays et celui de nos enfants, devrait nous obliger à dépasser nos egos pour le seul intérêt du GABON tout entier, 2023 approche, que nous réserve la prochaine présidentielle alors que nous continuons à sombrer et à hypothéquer  l’avenir de nos enfants? Il est temps de prendre conscience.  Le seul intérêt doit être celui de préserver la démocratie et la république, et non les intérêts partisans.

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