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Gabon : Ping ou la présidentielle 2023, il faut choisir

Bonne question que celle que vient de poser « La Loupe » : « On fait quoi avec Jean  Ping ? ». A la vérité, plus de quatre ans après, c’est déjà du « Président élu », lui-même, qu’il faudrait attendre une réponse. Son adresse à la Nation du 16 août 2020 est, en fait, sa réponse.

Il ne fait aucun mystère sur la foi de l’homme en ce qui concerne l’issue de la posture qu’il a adoptée depuis 2016. Il suffit pour cela de le relire : «  Une ligne directrice fonde ma réponse… et repose sur une vieille sagesse : …les grandes batailles de la vie ne sont pas gagnées par les plus forts ni les plus rapides, mais par ceux qui n’abandonnent jamais » Pour Jean Ping, une seule chose : « …la libération finale. Le seul résultat qui vaille, c’est-à-dire l’Alternance et la Libération, la Rupture, pour la Renaissance du Gabon. » Les quatre ans ont justement servi à atteindre ce résultat, ils ont été consacrés à « la construction, bataille après bataille, sacrifice après sacrifice, de ce résultat final. Irréversible et vital pour ressusciter le Gabon. » Et ce résultat est « inéluctable et ce sera un grand moment de basculement. » Et, c’est avec assurance qu’il invite à sortir « le Gabon de l’impasse des solutions provisoires, des agendas cachés et, surtout, de la fuite en avant de ceux qui ont l’illusion d’aller en 2023. Je suis à la tâche pour achever avec les forces vives ainsi impliquées l’action menée depuis 4 ans. Pour poser avec ces forces et toutes les bonnes volontés le cadre favorable à une issue toute proche. »

L’entame de cet article de « La Loupe » consacré à l’avenir du « Président élu » est plutôt élogieuse : « L’ombre de Jean Ping plane sur l’Opposition gabonaise. Il bénéficie en effet d’un capital sympathie important eu égard au fait qu’il n’a pas dialogué avec Ali Bongo Ondimba pour faire un gouvernement d’union nationale ». en revanche, les propos qui suivent font plutôt dans la prudence. En effet, Carole Moussavou commence par explique que « Selon l’opinion publique (sic), Jean Ping a remporté la présidentielle de 2016 ». Et quelque peu acerbe, elle le classe désormais comme un homme du passé « dans la lignée de Paul Mba Abessole, Pierre Mamboundou et André Mba Obame qui n’ont point accédé à la présidence de la République » Son intertitre « 2016-2020 : quatre ans derrière, quel bilan », l’auteure du papier passe même à la raillerie : « Personne ne comptera plus le nombre de fois où Jean Ping a dit qu’il allait « prendre le pouvoir ». Si c’était une chanson à composer, elle aurait eu le mérite de faire danser le monde entier… D’aucuns pensent  que si la revendication de Jean Ping est légitime, ils se posent quand même des questions : en quoi cette revendication est-elle encore lucide et crédible à trois (3) ans de la prochaine présidentielle » Aussi sec. Ping peut-il rebondir ? L’analyse de Carole Moussavou est la suivante : il lui faut « une organisation et une stratégie. N’étant pas maître des saisons, rien ne dit qu’il y aura déclaration de la vacance du pouvoir ou une période de transition. La projection politique la plus lucide et la plus vraisemblable semble être la présidentielle de 2023 ». Avisée, notre consœur prévient : « Cette échéance, affirmons-le avec force, sans une concertation politique préalable, serait un remake de 2016 ». Dubitative, C Moussavou note toutefois que « pour Jean Ping, 2023 n’existe pas. »

Jean Ping détient-il toujours cette popularité comme de la petite monnaie dans sa poche ? Peut-il en faire ce qu’il veut ? Un homme politique, aussi riche soit-il, est-il en mesure de conserver au chaud, ad vitam aeternam, le soutien électoral du plus grand nombre ? En politique les atouts à eux seuls ne suffisent pas, c’est ce qu’on en fait qui importe. En août 2016, Jean Ping était au firmament de sa popularité. Paul MbaAbessole et André MbaObame n’avaient pas bénéficié de la « vitesse de la lumière » des réseaux sociaux pour que leurs victoires respectives soient des évidences constatables, mesurables, vérifiables et indiscutables à l’échelle de l’Afrique, de la France, de l’Europe et du monde.  Tout le contraire de Jean Ping. Qu’a-t-il fait de cette popularité ? Au lieu de négocier en position de force avec un pouvoir acculé à l’intérieur et à l’extérieur du pays, il a préféré l’incertitude de la Résistance où l’ont conduit ses nouveaux amis du Rond-point de Nkembo, le 16 août 2016. Une option qui le plaçait automatique lui et ses troupes sous le feu de la dura lexsedlex du pouvoir en place. La moindre manifestation pacifique était interdite ou réprimée. Le terrain de la négociation, donc le terrain politique, lui était beaucoup plus favorable parce que le rapport de force dans l’opinion était largement en sa faveur.

Certes, au cours de ces négociation, la fonction de président de la République pouvait échapper – ne fut-ce que momentanément – à Jean Ping. Ce qui pouvait offrir également l’occasion de former ce parti tant espéré dans la galaxie Jean Ping. Car, entre deux élections, ceux qui rentrent chez eux, en général, ce sont les électeurs. Il reste les militants et les sympathisants dont l’habitacle est sociologiquement un parti pour les premiers et des organisations influencées par ledit parti pour les seconds. Ce sont eux qui recrutent d’autres militants, intéressent de nouveaux sympathisants et iront réveiller les futurs électeurs de demain ou de 2023. C. Moussavou a bien raison de s’inquiéter de la nécessité pour Jean Ping de se bâtir une organisation et une stratégie pour 2023 dont ni lui ni ses proches ne se sont jamais préoccupé en quatre ans. Les quelques partis satellites de la Coalition pour la Nouvelle République se sont progressivement étiolés et tournent quasiment à vide. Qu’il s’agisse du PGP, de l’UPL, du PSE, ou encore de l’UPGL. Tandis que les quelques grosses pointures qui y étaient ont tracé leurs voies comme René Ndemez’Obiang, Guy Nzouba Ndama, Barro Chambrier et autres Zacharie Myboto. Pour Carole Moussavou, sans leur soutien, « la gloire d’hier » de Jean Ping «se réduira comme peau de chagrin ».

Stéphane MWAMEKA

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1 Comment

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  • Serge Makaya , 17 octobre 2020 @ 21h31

    Ne vous attendez à aucune élection présidentielle transparente en 2023. C’est perdue d’avance. La France nous imposera de nouveau un Bongo : Junior Sassou ou Nourredine Valentin.

    Jean Ping est notre président élu du Gabon.

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