Pyramid Medias Gabon

Editorial: Lutte contre la corruption ou le parfait alibi ?

Le gouvernement de la république est en pleine campagne de sensibilisation contre la corruption et l’enrichissement illicite. Même si plusieurs canaux de communication, à l’instar de la presse, au sens large du terme, ne sont pas associés, comme toujours, il n’en demeure pas moins que cette période de pédagogie est primordiale avant de passer à la répression proprement dite. Mais ici, la question est de savoir si réellement dans le fond, les pouvoirs publics veulent véritablement atteindre l’objectif de cette opération. Car, à bien des égards, il semble que les vraies cibles de cette affaire soient ailleurs.

A écouter le ministre en charge de la lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite, Francis NkéaNdzigue : «la fonction publique est en sureffectif. Avec la campagne de lutte contre la corruption, nous allons dégraisser cette fonction publique en radiant les agents de l’Etat corrompus.» En d’autres termes, le réel objectif de cette lutte contre la corruption est de dégraisser une fonction publique en sureffectif (qui continue curieusement à recruter dans les forces de l’ordre et de défense), en s’attaquant aux fonctionnaires corrompus. Quid des récents recensements des agents de l’Etat dont les conclusions sont mises sous le boisseau de peur de toucher aux intouchables ?

Et c’est là où le bât blesse. Car dans une République des intouchables, un travail objectif ne peut être effectué. Et on doute fort de l’équité de cette opération de lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite, dans un pays où il est certain que la caste des intouchables qui constitue les plus ‘’riches’ du pays, illicitement parlant, soit épargnée et qu’on oriente l’opération de salubrité vers les plus faibles.

Au fait, à partir de quand doit-on considérer au Gabon que tel est corrompu et qu’il s’est enrichi de manière illicite? Cette question vaut son pesant d’or pour la clarté de l’opération. Parce que si la présente lutte  contre la corruption et l’enrichissement illicite remonte dans le temps, presque toute l’élite qui a occupé une responsabilité au pays risque de payer. Car, beaucoup auront du mal à justifier les biens immobiliers et autres richesses qu’ils possèdent, alors qu’ils n’étaient ou ne sont que des agents publics.

Sauf à tout remettre à plat. Par exemple, en instituant une loi d’amnistie. Mais cela ne peut se faire que si ceux qui ont réellement volé l’Etat, le reconnaissent sur leur bonne foi. Et qu’ils consentent à rembourser une partie de leurs richesses indument acquises à l’Etat.

author

Related Articles

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *