A l’instar d’autres pays africains, le Gabon, depuis 2009, a axé sa politique économique autour d’une stratégie : le partenariat privé–public. Au vu des résultats quelque peu mitigés de l’économie gabonaise depuis trois ans, il y a lieu de se demander si cette option est la bonne. Dans sa déclaration de politique générale, la première ministre faisait l’apologie de cette forme de partenariat qui, selon ses termes, « crée de la richesse ».
On a plutôt l’impression que le partenariat public-privé se fait au détriment de notre pays, dans certains secteurs, notamment dans celui de la santé. Ainsi l’ex-hôpital Jeanne Ebori, devenu l’Hôpital de la mère et de l’enfant connaît des problèmes de fonctionnement. On a transformé un service public en une privatisation tous azimuts de certains services au sein de ladite structure. Pour le Gabonais lambda qui n’a pas de moyens, inutile d’amener son enfant dans cette structure hospitalière.
Le problème du Gabon, comme dans d’autres pays du continent, c’est la manière dont les contrats sont signés avec ces entreprises privées agissant dans des secteurs à vocation publique comme la santé, l’eau ou l’électricité. Ces contrats sont signés à la va-vite… L’Etat, très souvent, n’est pas trop regardant sur les termes desdits contrats.
Les partenariats public-privés profitent surtout aux entreprises étrangères. Une fois le contrat signé, les clauses ne sont souvent pas respectées par ces sociétés. A l’exemple des salariales de la main-d’œuvre locale. Par ailleurs l’Etat, pour respecter sa part du contrat, s’endette pour des années, alors que les partenaires privés s’arrangent pour ne pas avoir de contraintes. Ils arrivent à esquiver leurs obligations, car les contrats ne sont pas renégociables. Par exemple le Centre Hospitalier Universitaire d’Owendo est en partie le fruit d’un partenariat public-privé. Il y a un manque criard d’appareils médicaux. Selon certaines indiscrétions l’accord prévoyait également l’équipement de l’hôpital…
Considéré comme un partenariat entre acteurs égaux, dans les faits c’est un rapport de force inégal entre l’Etat et ces partenaires privés.
Serge Bibang