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Union Nationale: le retour encagoulé de l’UGDD ?

A mesure qu’on avance dans le temps et que les intentions des uns et des autres se dévoilent, en clair comme en crypté, l’élection annoncée du président de l’Union Nationale, le plus grand parti d’opposition Gabonaise, pourrait finalement opposer ceux qui ne veulent à aucun prix tuer l’esprit de cohésion et d’unité qui a présidé à sa naissance, et ceux qui au contraire pensent devoir ressusciter à leur profit personnel l’Union Gabonaise pour la Démocratie et le Développement (UGDD) en gardant le label Union Nationale.

Depuis plus d’un mois, les activités de l’Union Nationale se déroulent désormais de manière éclatée et parallèle sur deux sites éloignés de quelques trois kilomètres. L’un est le siège de sa coordination dans le 1er arrondissement. C’est là, au bout de l’impasse MbaObame que Paul-Marie Gondjout a établi son quartier général de campagne. L’autre se situe dans la zone de l’échangeur des Charbonnages. C’est un cadre du parti qui a cédé son espace de travail pour que faute de siège disponible et donc de cadre approprié pour les réunions et les concertations et le temps d’en trouver un, les militants qui comme lui soutiennent la candidature de la conservation des idéaux et des valeurs de l’Union Nationale que porte Paulette Missambo puissent se retrouver.

C’est que depuis le lendemain d’un congrès ordinaire quelque peu tendu, qui n’avait pas pu se terminer sur l’élection d’un nouveau président en effet, les proches de la famille Myboto ont brutalement rappelé aux autres militants leur position de force sur l’Union Nationale. Le siège de l’UN est leur maison. Ils l’ont fermé par colère et par frustration. Leur candidat, soutenu à bouts de bras par le patriarche, a vu son ambition retoquée et les élections repoussées alors qu’il avait préparé une gargantuesque fête d’intronisation. Depuis, c’est presque une scission que le parti vit.

Aux heures de réunions, les deux points de rassemblement grouillent de monde. A côté du Cecado des Charbonnages, on rencontre la plupart des grands cadres en vue du parti. On reconnaît surtout les équipes  qui ont accompagné les candidats André MbaObame et Casimir Oye Mba pendant la campagne pour la présidentielle de 2009. C’est ici qu’on constate que l’argument du clivage ethnique utilisé pour expliquer le rejet de la candidature de Paul Marie Gondjout ne tient pas. Il n’y a pas que Fang, accusés d’avoir conspiré contre le bilop, même s’ils sont plus nombreux. On y trouve aussi des Punu, des Nzebi, des Omyéné et même des Galoa de Lambaréné. C’est là aussi qu’il nous a été expliqué que la candidature en succession parentale de Paul Marie Gondjout pose le même problème d’éthique et de morale que celui contre lequel tout le monde se bat au sommet de l’Etat, lui compris et en première ligne. Mais que cet aspect du problème a finalement été laissé à la conscience des électeurs puisqu’elle a été maintenue, non pas parce qu’il aura usé d’une quelconque conviction ni d’une obstination particulière. Juste parce que les statuts et règlements du parti ne prévoient pas d’invalidationde candidature pour cause de proximité familiale avec le précédent occupant du poste à pourvoir.

Mais qu’en revanche, ce qu’il ne dit pas, son dossier de candidature ne se limitait qu’à une lettre adressée au président du parti au lieu d’être déposée avec d’autres éléments qu’il ne contenait pas (profession de foi et parrainages) au Secrétariat Exécutif. Que juge et partie, ce qui est inacceptable, il a confectionné en cachette une liste électorale avec une risible répartition des congressistes en tentant d’éviter l’indispensable validation du Bureau National.

De l’autre côté, les visages ne sont pas non plus inconnus. Dans l’ensemble, le décor des réunions nous ramène par leur assistance aux beaux souvenirs de l’UGDD des années 2.000. Les cadres viennent tous ou presque tous de ce parti disparu. Ils sont désormais renforcés par de quelques jeunes militants du 1er arrondissement qui se sont vus offrir d’avantageux strapontins au Conseil Municipal de Libreville grâce à l’entregent de l’épouse Gonjout, mais sans l’avis de l’Union Nationale. Ils viennent d’ailleurs pour la plupart d’en être évincés. Ce sont eux qui défendent avec la plus véhémente ardeur l’argument selon lequel un parti politique ne peut et ne doit être dirigé que par un riche, que la familleMyboto en a, et donc son gendreaussi par ricochet. Voilà les gens à qui sont réservés le directoire de l’Union Nationale (Vice-présidents, Secrétaires Exécutifs, présidence des mouvements spécialisés) si, comme ils l’espèrent, leur candidat est élu. Comme pour faire renaître l’UGDD de ses cendres. Pour arriver à cette fin en effet, l’aisance financière s’affiche désormais comme principal argument de campagne.

Paul-Marie Gondjoutn’hésite pas à offrir de payer une année de cotisations à tous les militants qui vont lui offrir leur parrainage. Un comble ! Tout récemment encore, il a sorti des gadgets à distribuer aux électeurs. Des teeshirts, des casquettes et autres babioles floqués à son nom. Outre le fait que dans une élection interne qui oppose des idées et des projets entre personnes qui se connaissent a priori très bien, tenter d’infléchir leur choix avec des gadgets semble incongru. On remarque en plus que ces gadgets n’ont aucune date, aucune élection spécifique qu’elles visent, qu’ils ne portent pas le logo du parti qu’il veut diriger. Juste le nom du candidat et son slogan de campagne. On se demande alors s’il ne les a pas sortis au mieux trop tard pour un scrutin espéré et non effectif pour une occasion ratée, ou au pire trop tôt pour un autre scrutin à venir et qu’il a juste besoin de jouir d’un statut de président de parti soit  pour orner une carapace qu’il a déjà, soit pour de plus grandes ambitions futures.

Melchior Ndabeyene

 

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