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Après le congrès : A chacun son UN

C’est vrai, et tout le monde le reconnaît, Paulette Missambo l’a emporté d’une courte tête. D’autres, mauvaises langues, parle même de victoire à l’arrachée. Au fond, peu importe les conditions de cette victoire, cette dernière ne nous a finalement rien appris.

Tout observateur, même peu averti, avait connaissance de l’existence en interne d’une guerre de tranchées entre deux camps principalement : la direction historique de l’Union Nationale, incarnée par Zacharie Myboto et les « héritiers » d’André MbaObame qui, après sa disparition, celle de Pierre-Claver Zeng, les départs de Jean Eyeghe Ndong, de Jean NtoutoumeNgoua, et de Gérard Ella Nguema, ont jeté leur dévolu sur Casimir Oye Mba. La victoire de Paul Marie Gondjout n’aurait en fait rien changé à l’affaire. Elle n’aurait pas effacé l’autre camp. Et, la particularité de ce scrutin de listes compliquera les relations entre les deux camps, car il conduit à fermer les portes du gouvernement du parti à la liste perdante, celle de PM Gondjout et à la figer dans une posture d’opposition interne. La liste victorieuse de Paulette Missambo et celle malheureuse de Paul Marie Gondjout n’ont que des défis à relever dont deux principalement : maintenir l’alliance historique scellée par AMO et Z. Myboto au sortir de la présidentielle 2009 qui a permis la naissance de l’Union Nationale, d’une part et réussir là où les deux grands parrains ont échoué à transformer leur nouveau-né en un véritable parti doté d’une ligne politique.

 La tournure prise par la course au pouvoir entre Missambo et Gondjout montre que ces deux challenges vont donner du fil à retordre à ceux qui s’y essaieront. Bien malin qui, par exemple, peut dire quelles étaient les lignes politiques de démarcation entre les deux listes. Au sortir du congrès, voici ce qu’en conclut Paul Marie Gondjout : « Mon groupe et moi nous restons militants de l’Union nationale. Nous avons des bases solides à l’intérieur du pays comme à Libreville, elles seront toujours là, nous serons présents pour elles, nous les animerons, nous pensons que nous allons faire des bonnes choses, par ce que l’avenir est pour nous. Notre combat continue au sein de notre parti et dans notre pays ». Traduction en français facile : nous avons perdu une bataille, mais pas la guerre. Quant aux tenants de la liste Missambo, il est question, avec cette victoire non seulement de « rendre le parti aux militants…  en donnant le pouvoir aux coordinations… » (sic) mais également de se méfier comme de la peste de Paul Marie Gondjout qualifié par la direction de campagne de Missambo d’« ancien membre du comité central du PDG qui s’oublie, qui en est parti dans les valises de Zacharie Myboto, et qui a conservé les miasmes de fonctionnement interne de ce parti pour les utiliser contre ses adversaires qui, dans leur grande majorité, n’y ont jamais adhéré. Les exemples sont légion, à commencer par la fraude électorale qu’il a tenté d’importer, et l’achat des consciences dont il use et abuse, convaincu comme ses anciens camarades, que tout et tous ont un prix… ». Ambiance.

 En fait d’avenir de l’Union, ça risque de secouer dans le parti. Le fair-play de Gondjout, le bon perdant, c’était pour les caméras et les réseaux sociaux dans la salle du congrès. Dans la vraie vie, l’alliance historique vient de voler en éclats. Nombreux sont d’ailleurs les observateurs qui estiment que le départ de Zacharie Myboto est prématuré. Car, selon eux, il demeure le seul à pouvoir encore incarner cette alliance, donc à donner ses chances à la cohésion de ses troupes. Quant à l’autre volet, celui du passage de l’attachement subjectif aux leaders historiques à l’attachement impersonnel au parti, l’autre challenge, rien ne permet de penser que les deux camps sont synchros sur la question.

Autre particularité à signaler, comme un caillou dans la chaussure de la nouvelle présidente de l’UN : sa liste est composé d’anciens Amoïstes et de proches de Casimir Oye Mba. Parmi ces proches, il y a fort à parier que Paulette Missambo en fasse partie. Et on se souvient qu’Oye Mba ne cachait nullement sa disposition à dialoguer avec le pouvoir. Ce qui n’était pas du tout une posture Amoïste. Wait and see.

 Stéphane MWAMEKA

 

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