Les images de plusieurs élèves d’un lycée de Mouleungui Bindza, barricadant la voie publique pour réclamer un enseignant de mathématiques qui n’existe pas dans leur établissement, ont envahi la toile, il y a quelques jours. C’est un euphémisme de dire aujourd’hui que le secteur de l’éducation au Gabon est dans le désastre. Absence de structures pour accueillir les apprenants avec pour conséquence, les effectifs pléthoriques ; absence de matériels didactiques, manque d’enseignants, notamment dans les matières scientifiques.
A Libreville et ailleurs, plusieurs classes des établissements publics du Gabon fonctionnent sans professeur de mathématiques et autres matières scientifiques. Nonobstant tous ces manquements, on colmate toujours les brèches, l’essentiel étant de boucler l’année académique.
Résultat : le niveau réel de l’élève gabonais devient systématiquement incompatible à son diplôme. Niveau très bas. Ça fait plusieurs années que ça dure et les solutions idoines ne sont toujours pas trouvées, malgré les multiples conclaves (états généraux de l’éducation) tenus pour examiner la situation et trouver les solutions aux maux qui minent le secteur de l’éducation. Mais rien de concret n’est sorti de là. Mieux, le secteur s’enfonce et s’étend jusqu’au niveau supérieur qui, lui aussi, connaît une insuffisance criarde de structures d’accueil. Au point qu’on a du mal aujourd’hui à situer la réelle année académique dans nos universités.
En vérité, il y a un réel manque de volonté politique des gouvernants à mettre un accent particulier sur l’éducation, par ricochet, sur la formation des jeunes gabonais. Et nombre de parents sont contraints aujourd’hui à se démener après le baccalauréat de leurs progénitures, à les inscrire dans les universités et écoles de quelques pays africains jugés plus sérieux en matière de formation. C’est le cas du Maroc, le Sénégal, la Tunisie, voire le Rwanda. Toute chose qui n’interpelle pas toujours nos décideurs. Comment les pays qui ont eu l’indépendance au même moment que le Gabon et sont moins riches que lui, en termes de richesses naturelles, en viennent à lui damer le pion sur le plan de l’enseignement ?
Face à cette situation préoccupante, le syndicat national des enseignants et chercheurs, sections université Omar Bongo(UOB) et université des sciences et techniques de Masuku (USTM), a proposé une année blanche: «Nous demandons que 2020-2021 soit une année blanche parce qu’elle n’a pas encore débutée », a déclaré Mathurin Ovono Ebé, président du Snec-Uob, le 1er février dernier.
«Les problèmes sont les mêmes peu importe l’établissement. Par exemple, les problèmes de structures d’accueil. A l’USTM particulièrement, nous avons une vétusté avancée des bâtiments. Ce qui rend impossible le travail serein », a, pour sa part, indiqué Florent Nguema Ndong, président SNEC-Ustm.
Combien de temps faut-il encore aux décideurs, pour enfin décider de prendre le taureau par les cornes pour qu’enfin le système éducatif gabonais retrouve ses lettres de noblesse?
Jean Yves Ntoutoume