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PAT| Les hypothétiques 3000 milliards!

A un an des élections générales dont la principale est la présidentielle, le plan triennal initié par l’exécutif gabonais, baptisé plan d’accélération de la transformation (PAT), pourrait connaître le même sort que son prédécesseur : la plan stratégique Gabon émergent (PSGE). Chiffré à 3000 milliards de nos francs, le PAT, dans un contexte économique financier consécutif aux effets néfastes du COVID-19, aura du mal à boucler son budget.

« Le plan d’accélération de la transformation (PAT) est un ensemble de réformes et de projets retenus à partir du plan stratégique Gabon émergent (PSGE) pour relancer l’activité économique et sociale dans un contexte marqué par la crise sanitaire mondiale de la COVID-19 qui a eu des effets négatifs dans tous les secteurs de l’économie, et même de la vie« , explique le secrétaire exécutif du conseil national du PAT, Yves Sylvain Moussavou, dans une interview accordée à nos confrères du journal « Les Échos de l’éco ».

 Autrement dit, pour les pouvoirs publics, le PSGE n’est pas mort. Le PAT est une « recontextualisation du PSGE » pour développer le pays au lendemain de la crise sanitaire mondiale liée au COVID-19. Mais dans ce contexte, peut-on imaginer que le Gabon puisse avoir les 3000 milliards FCFA nécessaires à la réalisation du PAT? Dans l’interview du patron demi PAT, aucune indication précise chiffrée sur le financement du PAT n’est donnée. Les différents budgets d’investissement des années 2021, 2022 et 2023 prévus dans le programme des investissements publics et partenaires publics-privés, ne rassurent pas non plus : ils sont « tellement faibles qu’il sera difficile pour un état comme le Gabon, où la puissance publique est moteur, de tenir ses promesses », rétorque l’analyste économique Mays Mouissi.

En effet, entre 2021 et 2023, les différentes prévisions  budgétaires en matière d’investissements publics au Gabon, se situent entre: 483, milliards (2021), 421 milliards (2022) et 333 milliards (2023). Bien loin des 3000 milliards, le coût du PAT. Ce qui n’empêche pas l’optimisme du premier responsable du PAT: « Entre le 16 décembre 2021 et le 3 février 2022, j’ai sillonné le pays de manière continue pour faire le point de la mise en œuvre des projets entrant dans le cadre de la mise en application du plan d’accélération de la transformation (PAT) », explique M. Moussavou, qui a pu « apprécier le niveau d’avancement concret des projets » tout en « relevant les difficultés qui se posent dans leur dimensionnement et dans leur gestion, notamment hors de Libreville. »

Ici, le PAT constitue au total, 190 projets, répartis dans les secteurs de l’éducation, de la santé, de l’eau, de l’électricité et des infrastructures.

Un plan pharaonique qui suscite des interrogations quant à sa réalisation concrète avant les élections générales de l’année prochaine, dans un pays où beaucoup de projets et d’éléphants blancs ne se comptent plus.

Face à la presse le 29 avril dernier pour faire l’état de la nation, le professeur d’économie, Albert Ondo Ossa, a été catégorique par rapport à la situation économique du pays: « la situation continue de se détériorer car, comme il fallait s’y attendre, la crise sanitaire du COVID-19 a eu des implications économiques profondes. Des habitudes de consommation, d’adaptation et de contournement des décisions prises par l’État, se sont profondément ancrées.

Dans une telle configuration, le gouvernement aurait dû prendre des mesures correctives et incitatives. Malheureusement, il a opéré comme d’habitude : se complaire dans un suivisme puéril et moutonnier et prendre des décisions dans l’opacité, dans étude préalable, sans repère et sans même prendre l’avis d’experts sérieux en la matière ».

Est-ce le cas du PAT? La réponse l’année prochaine au moment du bilan définitif du plan d’accélération de la transformation.

 

Nelson Tchimbakala

 

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