Engagée dans la défense des droits de détenus dans toutes les prisons du Gabon, l’ONG SOS prisonniers du Gabon a été interdite d’accès à la prison centrale de Libreville depuis le 19 juin dernier. Selon le président SPG, Lionel Ella Engonga, cette décision ferait suite aux nombreuses dénonciations par l’ONG.
Pourtant autorisé par l’administration pénitentiaire, SOS prisonniers du Gabon s’est vu interdit d’accéder, du moins jusqu’à nouvel ordre, à la prison de Libreville. Sans motif valable, mais l’ONG que préside Lionel Ella Eongoga relate que ses ennuis avec le directeur et l’inspecteur général ont commencé avec les menaces subies par un de ses collaborateurs, un étudiant en philosophie, ayant l’accord de dispenser les cours aux détenus dans ce milieu carcéral. « Ce dernier, sous la contrainte de l’administration pénitentiaire a pondu un courrier, afin de
discréditer le Président de SOS Prisonniers Gabon. Le jeune philosophe a aussi été empêché de continuer ses cours », a relaté Lionel Ella Engonga, dans un courrier adressé au ministre de la justice Garde des Sceaux.
Le président de SPG croit savoir que ses ennuis ont également commencé depuis la dénonciation faites par son ONG, des sévices dont ont été victimes trois détenues de la maison d’arrêt de femmes de Libreville. « Depuis quelque temps, nous sommes victimes des persécutions sans cesse de la part de certains responsables de cette administration, et notamment du Directeur de la Prison Centrale et de l’Inspecteur Général ».
« La première affaire qui n’a visiblement pas été du goût des autorités pénitentiaires est le courrier adressé à Madame la Ministre de la Justice, en date du 31 mai 2021, reçu à son cabinet le 1er juin ».
SPG avait adressé une correspondance, dans laquelle l’ONG dénonçait: « le traitement dégradant et humiliant de trois femmes incarcérées, qui ont vu leurs cheveux être rasés par des agents de la sécurité pénitentiaire. »
Après ces dénonciations, Lionel Ella Engonga avait été convoqué au bureau du directeur de la prison, en présence de ses collaborateurs. Lors de cet entretien, écrit Lionel Ella Engonga, « ces derniers m’ont dit qu’ils étaient fâchés par rapport au courrier que j’avais adressé à la Garde de Sceaux sur la situation des femmes rasées, d’autant plus que les articles de presse ont parlé abondamment de la dénonciation de SPG sur le traitement attentatoire à la dignité de ces femmes. Ils m’ont donné l’ordre de faire un contre communiqué et d’adresser un nouveau courrier à la Ministre de la Justice, dans lequel je devais me dédire et révéler également les noms de mes sources. Faute d’obéir, selon eux, je serais interdit d’accéder à nouveau à la Prison Centrale de Libreville (PCL) et je m’exposerais à une arrestation ».
C’est donc par courrier adressé le 25 juin dernier à Erlyne Antonella Ndembet Damas, que l’ONG a demandé à la ministre de la justice, Garde des Sceaux de bien « vouloir instruire l’administration pénitentiaire de lever cette mesure inique d’interdiction d’entrée à la prison qui ne repose sur aucune base légale, et par conséquent de cesser toute manœuvre d’intimidation sur l’ONG, d’arrêter de nous demander les identités de nos sources, car SPG ne fait pas dans la délation et ne va jamais donner le nom, même pas le prénom de l’une de ses sources ».
« Le Gabon ne doit pas faire exception dans le respect des Droits Humains. Rappelons que le respect des Droits de l’Homme est aussi un pré requis dans de nombreux partenariats internationaux – et pour rappeler l’actualité, dans l’entrée du Gabon au Commonwealth », a souligné SPG dans sa correspondance adressée à la ministre de la justice.