Quels sont les préalables à mettre en place dans l’urgence ? Le délai est-il raisonnable pour un tel ambitieux projet
Par Jim Ndong…
Constat: Lors du conseil des ministres du 30 mai 2025 dernier, le président de la République via la porte-parole du Gouvernement annonce une mesure : l’interdiction du Gabon d’importer le poulet de chair d’ici le 1er Janvier 2027. Qu’implique une telle décision en d’autres termes ? Aussi, D’après les statistiques officielles, le Gabon dépense à peu près 65 milliards de francs cfa/ an, pour l’achat de poulets surgelés (65 à 70 tonnes/ an). Notons au passage que c’est une décision politique courageuse et salutaire dans la perspective d’atteindre une véritable souveraineté alimentaire.
Perspectives: Il faut pour un tel projet d’envergure élaborer en amont les mesures suivantes :
– Mise en place d’une banque agricole pour permettre aux fermiers d’avoir recours aux crédits bancaires facilement et avec des taux d’intérêt très bas
– Accompagnement technique : formation du personnel dans ce savoir-faire (création des centres de formation d’élevage dans les provinces)
– Dotations factorielles en équipements de production : machines, main d’œuvre, terres, engrais…
– Mise en place des coopératives agricoles
– Contrôle de la filière via des brigades agro-alimentaires…
– Développement des zones spécifiques de production ( Nyanga, Haut Ogooué, Ngounie…)
– Réhabilitation de l’expérience et de l’expertise de Boumango, avec le « Boumangrain «
– Création d’une centrale d’achats étatique où l’Etat Gabonais serait le premier acheteur, le premier client, qui contrôle et fixe les prix
– Nationalisation de la filière. Ici, le principe de protectionnisme devrait prévaloir : protéger les fermiers locaux face à la concurrence étrangère et face aux réseaux d’importation frauduleux
NB: dans le fond, la mesure est salutaire. Toutefois, du point de vue de la forme, il faut des préalables solides et un temps raisonnable de mise d’un dispositif efficace et efficient (2 à 3 ans) serait plus intéressant pour la réussite d’un défi qui pourrait redistribuer les cartes dans ce pan important de l’économie et entraîner la sécurité alimentaire du Gabon. Il serait également souhaitable d’accorder un seuil d’importation sous un format de 5 à 10% d’importation de la volaille, le temps que la filière se développe véritablement.
…Consultant au laboratoire Citoyen Gabonais.