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L’Africain et le pouvoir politique

C’est le contraire qui aurait surpris. Macky Sall, le président du Sénégal, qui avait juré la main sur le cœur qu’il ne briguerait pas un troisième mandat, vient de trouver un manège pour s’octroyer un supplément de mandat de 10 mois. Ainsi en ont décidé les députés de son camp politique après des contorsions dont seul le continent maîtrise.

Certes, la pilule est difficile à avaler au sein de l’opposition et d’une bonne frange de la population sénégalaise, mais peu importe l’issue de cette grossière manœuvre politique, les véritables intentions du successeur de Me Abdoulaye Wade sont mises sur la place publique. En renonçant à un troisième mandat, Macky Sall avait certainement les pressions. Il ne l’avait pas dit avec le cœur. Il vient de donner raison à  l’opposition qui savait son intention de  s’accrocher au pouvoir, coûte que coûte. Et nous y sommes.

Comble de maladresse, dans cette frénésie du pouvoir, son timing pour annoncer le report de la présidentielle, le 3 février 2024, lors d’un discours à la nation, relève d’un amateurisme primaire. Annoncer le report d’un scrutin, dont la campagne devait s’ouvrir le lendemain, n’a même pas pu convaincre et contenir son propre camp politique, au point que l’entente apparente qui régnait dans le camp présidentiel a vite volé en éclats. A preuve, Amadou Ba, premier ministre de Macky Sall et candidat de la majorité présidentielle, a dénoncé la proposition de report du Chef de la majorité et de l’Exécutif.

Sur le plan national, sous régional et international, les langues se délient et condamnent cette sortie de piste d’un Macky Sall qui scandait qu’une élection présidentielle ne peut être reportée au Sénégal en temps normal. Or, le Sénégal n’est pas en guerre, donc un renvoi de l’élection présidentielle ne se justifie pas.

Les manœuvres de Macky Sall sont la conséquence des pratiques politiques courantes sous les tropiques. Même dans un Sénégal qui a une forte et vieille culture démocratique. Comme qui dirait : « Les mauvaises habitudes ont la peau dure sur le continent ».

Jusque-là, le Sénégal était l’exemple d’un modèle d’alternance politique dans une Afrique où toutes les sottises politiques sont permises. Dommage!

 

 

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