Jetés dans l’empoignade des candidatures à la candidature pour les postes de sénateurs, les militants pédégistes désireux de siéger au Sénat, passage obligé, ont démarré les hostilités. Et déjà, les choses ont évolué. Du mode regards en chiens de faïence, nous en sommes au mode combat.
C’est le cas dans plusieurs localités du pays, notamment à Bitam où quelques cadors du PDG ont déclaré leurs ambitions soit de rempiler, comme Emmanuel Ondo Methogo, alias Méthode, soit de devenir sénateur, comme Pierre NgouaObiang par exemple ou encore Oumarou Baba. D’autres ont également signalé en coulisses leurs intentions de prendre part à la compétition. Il s’agit notamment de Jean-Jacques EngoAllogo et de PastorNgouaNneme qui vient de perdre un poste grassement rémunéré de consultant à la Mairie de Libreville sous le magistère de l’ancien édile Léandre Nzue. La particularité de chacune de ces personnalités, principalement des trois premières, réside en ceci qu’elles s’opposent farouchement entre elles.
Dans l’entourage de Pierre NgouaObiang on estime qu’Ondo Methogo a fait son temps. Les proches de ce dernier à qui, semble-t-il, cela ne fait ni chaud ni froid, rétorquent et ergotent sur le fait que Pierre NgouaObiang doit confondre faire son temps et mettre du temps. En tous cas, la question du temps mis aux affaires sera au cœur des débats pour isoler Méthode. Effet, près d’une trentaine d’années passées dans les très hautes sphères de l’Etat sont la marque du très long séjour d’Ondo Methogo au cœur du pouvoir. Après avoir été nommé conseiller d’Omar Bongo Ondimba chargé des questions économiques et financières et des relations avec les institutions financières internationales de 1987 à 1990, il sera élu député indépendant en 1990. Il rentrera au gouvernement pour y demeurer 16 ans, de 1991 à 2007. Il y finira vice-Premier ministre chargé des relations avec le Parlement et de la coordination des commissions interministérielles. En 2007, il retourne à l’Assemblée nationale. Mais ce n’est pas tout. En 2009, il devient patron du Conseil National de la Communication et, aujourd’hui, il est au Sénat depuis 2014 et a été élu troisième vice-président du Sénat le 27 février 2015. Ses partisans expliquent qu’au cours de ces trente ans l’homme a accumulé une expérience telle du fonctionnement de l’Etat qu’il n’a aucun concurrent à sa taille parmi ceux qui veulent lui ravir le poste de sénateur.
Si les camps rivaux Pierre NgouaObiang et Emmanuel Ondo Methogo s’écharpent sur les questions de temps – fait ou mis – et d’expérience accumulée dans la connaissance des affaires de l’Etat, ils se retrouvent néanmoins sur le rejet de l’haoussa Oumarou Baba qui, lui, est parfaitement conscient de cette animosité à peine voilée qui réconcilie les ntumu contre sa candidature. Il en a d’ailleurs déjà fait les frais lors du vote de l’actuel bureau du conseil municipal de Bitam au cours duquel, candidat au poste de 1er Maire Adjoint, il a été battu alors que son parti, le PDG, était majoritaire mais… victime de ses divisions internes. Raison pour laquelle, ses adversaires soupçonnent le fils de Baba Toukour de rechercher frénétiquement le soutien du Distingué camarade en actionnant le levier musulman Oceni Assa. Mais Ali Bongo Ondimbaa-t-il intérêt à descendre dans l’arène ? Pourrait-il parvenir à faire l’unanimité sur la candidature d’Oumarou Baba ?
Ou, d’ailleurs, sur celle de l’un des chefs des camps en bataille ? Autant de questions qui doivent, à coup sûr, tarauder l’esprit d’ABO dont la marge de manœuvre oscille entre choisir de s’en mêler au risque de s’emmêler les pinceaux et préférer s’en démêler pour se tenir bien au-dessus de la mêlée. S’en mêler, ce serait prendre parti pour un camp contre les autres. S’en démêler reviendrait à laisser le plus fort l’emporter et jouer les réconciliateurs après la bataille. Même cette dernière option n’aboutirait, au fond, qu’à régler une partie du problème. En effet, le plus fort en interne le sera-t-il également lors du vote du sénateur en conseils réunis – municipal et départemental – face aux 63 autres conseillers ? Rien ne permet de l’affirmer.
Les animosités se seront-elles estompées ? Cela est peu probable. Ceux qui sont prêts à voter Pierre NgouaObiangaccepteront-ils,, au nom de la discipline du parti, de reporter leurs voix sur Emmanuel Ondo Methogo ? Si, finalement, le Distingué Camarade décide de s’en mêler et choisit Oumarou Baba comme candidat du PDG, les partisans d’Ondo Methogo, mais pas seulement eux, pourront faire vibrer leur fibre ntumu, le jour du vote. Même si le choix se porte sur Emmanuel Ondo Methogo, ce dernier, tout comme Oumarou Baba, subira l’assaut de l’animosité des autres réunis. Pour les trois autres, ils savent qu’Ondo Methogo les attend au tournant s’il arrivait qu’il revête la veste de candidat PDG au Sénat. En somme, une ambiance générale de tirs aux canards qui pourrait au bout du compte desservir le PDG dont le candidat choisi ne peut jurer qu’il bénéficiera automatiquement des voix des conseillers RV qui seront présents lors du vote. RV dont le chef, Tony Ondo Mba, a été jeté en taule et décrié par le maire PDG Jules Mbelé.
Une atmosphère qui devrait profiter à d’autres forces politiques locales. Une situation qui donne quelques chances à l’alternance à Bitam. Wait and see.
Stéphane MWAMEKA
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