Livré au public il y a moins de trois ans, cette infrastructure qui avait fière allure est abandonnée à son triste sort. Manque d’entretien, les riverains l’ont transformé en un dépotoir à ciel ouvert, où ils jettent toutes sortes d’ordures. Malgré les 12 milliards alloués pour la construction de l’infrastructure, l’entretien fait défaut. Résultat ; depuis sa livraison le canal n’a jamais connu une cure de jouvence.
Douze milliards dans l’eau ? Serait-on tenté de s’interroger, au sujet du bassin versant de Nzeng-Ayong, dans le sixième arrondissement de la commune de Libreville. L’infrastructure livrée partiellement le 9 novembre 2021 présente aujourd’hui un visage sombre. Ce ne sont pas les riverains qui font le training sur le linéaire de 2,3 kilomètres à cet endroit qui le démentiront. Eux qui sont les témoins oculaires des gestes inciviques que plusieurs riverains posent dans ce bassin, où les ordures ménagères et autres y sont jetées.
Outre les ordures, le canal est aussi envahi aujourd’hui de hautes herbes. Toute chose qui ne facilite pas l’évacuation des eaux lors des inondations. Conséquence, les eaux débordent le canal pour inonder les habitations environnantes : «Le maintien des ouvrages d’assainissement, en bon état de service, dépend en grande partie du comportement des populations avoisinantes et autres usagers », indiquait le ministre des travaux publics de l’époque, Armel Bounda Balonzi, lors de l’inauguration de ce bassin versant.
Projet structurant intégré dans le programme prioritaire d’assainissement, le bassin versant de Nzeng-Ayong dont les travaux ont été lancés en 2012, a été financé par le Gabon et l’Union européenne via le 10è fonds européen de développement (FED). Il est confronté aujourd’hui, moins de trois ans après sa livraison, au manque d’entretien. Selon nos informations, ni le ministère des travaux publics encore moins la mairie de Libreville, aucune de ces entités n’a un budget pour son entretien. Pourtant, en arpentant l’infrastructure, une pancarte de la mairie de Libreville devant une case inachevée et abandonnée indique : «Commune de Libreville, mairie du deuxième arrondissement ; construction d’un bureau de surveillance et de nettoyage du canal.»
Construite sur un linéaire de 2,3 km, le bassin versant de Nzeng-Ayong n’est pas seulement sans entretien à l’intérieur du canal, mais aussi sur les abords. En effet, le long du trottoir unique est aujourd’hui occupé par de hautes herbes contraignant les usagers à marcher en pleine chaussée sur cette voie à sens unique. Le bassin compte 5 ponts et quatre passerelles piétonnes en béton armé.
Aujourd’hui, les populations se demandent, si le 1,7 km des travaux restants, qui doivent conduire le canal vers un bras de mer, verront le jour ? Leur inquiétude se fonde sur l’abandon total de la grande partie de l’ouvrage déjà réalisé et livré.
Blaise Mangady
