Souvent reléguée au second plan, la presse mérite un peu plus d’attention de la part des décideurs. Car, c’est elle qui véhicule, valorise et relaie leurs messages et les opinions qui en découlent. Mais la presse est-elle réellement prise en compte au Gabon ?
Comme chaque année, la communauté internationale a célébré le 3 mai dernier, la journée mondiale de la liberté de la presse sur le thème : la presse au service de la planète : le journalisme face à la crise environnementale. Au-delà des manifestations protocolaires organisées à la maison Georges Rawiri, siège de Radio Gabon et de Gabon télévision, la question est de savoir comment la presse se porte au Gabon ?
Certes, pour la première fois dans l’histoire du pays, le Gabon a obtenu 38 places dans le classement mondial de Reporters sans frontière publié le 3 mai dernier, et se hisse en 2024 à la 56ème place contre la 94ème place occupé en 2023. Cette montée en flèche du pays est consécutive, à n’en point douter, à la politique inclusive impulsée par le comité pour la transition et la restauration des institutions dès sa prise de pouvoir, le 30 août 2023. En effet, en chassant le régime PDG du pouvoir, le président de la transition a d’abord tenu à prendre langue avec toutes les forces vives de la nation, la presse y compris, avant le début de son magistère. Un geste qui a marqué les points.
Puis, dans la foulée, des postes budgétaires ont été mis à la disposition des professionnels des médias encartés dans la fonction publique ; les médias de service public ont eu les moyens roulants, et la presse privée écrite et en ligne a vu sa subvention annuelle passée de 127 à 500 millions de nos francs. Et, à l’occasion du dialogue national inclusif, Africa numéro 1, en silence radio depuis huit ans, a relancé ses programmes. En attendant un nouveau code de la communication adapté aux résolutions du dialogue national inclusif, beaucoup restent encore à faire.
En effet, les vieux démons tournent encore autour du bel esprit impulsé par les autorités de la transition. Et pour cause, certains ennemis de la presse n’ont pas jugé utile de proposer les professionnels des médias comme partie prenante au dialogue national inclusif. La montée au créneau de l’organisation patronale des médias (Opam), pour dénoncer cette incongruité, à travers un communiqué de presse, a permis au président de la transition de prendre un décret à la dernière minute, pour combler ce manquement grave pour la démocratie. Les mêmes adversaires continuent ce travail de sape contre la presse en l’ignorant complètement dans la mise en place des organes de surveillance et de suivi institués au lendemain de la remise du rapport général des actes du dialogue au chef de l’état.
La vigilance est donc de mise de la part du président de la transition, si le Gabon doit continuer à gagner des points dans les prochains classements annuels de RSF. Il faut pour cela mettre les moyens nécessaires pour protéger le professionnel des médias et embellir l’environnement économique du secteur. La bonne tenue de la presse dans un pays est, entre autres, un des critères objectifs pour tout investisseur honnête.
Serge Bibang