Du renoncement aux galons politiques pour les uns aux infiltrations des positions partisanes pour les autres, la transition politique au Gabon s’illustre largement par l’imaginaire subtil des pratiques coperniciennes des engagements à multiples facettes, capables de donner du tournis aux » AS » trapézistes des plus grands chapiteaux du monde. En politique, il est presque impossible de procéder à un changement radical d’un système mis en place depuis plus d’un demi-siècle.
L’événement du 30 août 2023 au Gabon a tellement froissé l’infortune réalité vécue par le peuple gabonais, que L’Aurore vue avant l’heure était imaginée en soleil de midi, alors que, le soleil levant de l’aube ne peut briller autant que celui qui est à son zénith. Le regard du juste laisse la journée bien éclore, la brume du matin se dissiper, les rayons de soleil, non seulement percer les dernières voiles de la nuit mais aussi chauffer sans brûler, les êtres aux âmes frigorifiées par les vicissitudes causées par les métronomes décadents du système déchu. Voici encore l’une des raisons qui expliquent le scepticisme et l’impatience d’une bonne partie du peuple qui n’a pas pu, jusqu’à ce jour, faire disparaître le film d’horreur vécu des dizaines d’années durant, et ceci, devant l’indifférence totale, coupable et insultant de ses bourreaux. Cette partie
du peuple se refuse à retomber dans ce bûcher du régime déchu mais qui semble avoir semé des métastases de ce corps convalescent qui est le Gabon. Alors, qu’il soit accepté que ces gabonais-là scrutent le moindre mouvement qui tend à ramener les pratiques mortifères anciennes.
Aussi, le plus petit signe de faveur inexplicable et inexpliqué à l’endroit des barons de l’ordre ancien par les militaires du CTRI sera toujours considéré comme une gifle administrée à cette majorité de moins en moins silencieuse du peuple qui se dit avoir été abusé par les détenteurs à l’époque, de l’arme du passé, du présent et du futur, aujourd’hui sans percuteur. Certes, la froideur du politique dira que tout cela semble bien excessif pour les professionnels de la politique car pour ces derniers, il n’est pas réaliste de penser refaire le Gabon dans l’exclusion, il faut faire avec ceux qui peuvent répondre et ceux-là se retrouvent dans tous les bords avec une expertise avérée à la gestion de la chose de la cité pour certains, ces certains qui peuvent être reconfigurés dans le sens des attentes de ce peuple avide de bien-être et aussi de ce pouvoir de la transition centré dans la restauration des valeurs et des institutions du pays. Il y’a aussi d’autres qui, ayant encore plein d’énergie car jamais mis à l’œuvre, n’attendent que cet appel pour apporter le dynamisme voulu et recherché chez les Hommes neufs. Sauf que, tout ceci ne pourra être apprécié à sa juste valeur que si l’autorité de nomination s’applique dans un savant dosage psycho-socio-politique à savoir : moins de visibilité mais plus de parfum pour certains et plus de couleurs et de saveurs pour les autres.
Mais force est de reconnaître que, dans cet exercice, il y’a des faits qui adoucissent et crédibilisent certaines œuvres de restauration et pour la transition du CTRI et cela se voit et se lit sur l’âme du peuple. Rares ont été l’expression, l’impression et la réaction tout à fait normale d’une nomination au gouvernement de la transition au Gabon, sans qu’il y ait des spéculations de tout genre que celle de la troisième semaine du premier mois de l’année nouvelle, nomination qui a vu une personnalité politique de premier plan être portée au rang de deuxième personnalité du gouvernement d’un pouvoir où toute aspérité relevée est exposée au Karcher.
En effet, l’arrivée de Alexandre Barro Chambrier, président du rassemblement pour la patrie et la modernité, véritable locomotive de l’opposition au pouvoir d’Ali Bongo lors de la présidentielle de 2023, dans le gouvernement de transition dirigé par Raymond Ndong Sima, cinq mois après la prise de pouvoir par les militaires et la mise en place de la première équipe gouvernementale de la transition, a été perçu par le peuple comme une évidence ou encore la boucle d’un processus à succès entamé difficilement par le pouvoir des militaires du CTRI. Personne n’a été scandalisé ni véritablement étonné, tout semblait être de l’ordre du naturel, rendant ainsi le schéma de la gouvernance beaucoup plus lisible et avec un visage.
Le fleuve tranquille sur lequel surfe l’entrée de ABC en qualité de Vice premier ministre en charge de la planification et de la prospective du deuxième gouvernement Ndong Sima n’occulte pas le sacrifice statutairement politique consenti par le désormais Ex président du RPM, parti politique longtemps et inlassablement malmené par le pouvoir renversé ce 30 août 2023 que Barro Chambrier a porté jusque-là à bout de bras, avec le soutien de quelques cadres restés fidèles parce que convaincus de la justesse du combat mené. Alors, pour ne pas jouer à moitié la carte du gouvernement, Barro Chambrier a demandé et obtenu de ses compagnons politiques la décharge du très envahissant poste de président du parti afin de se consacrer entièrement à la mission urgente, importante et courte que lui a confié le chef de l’État, président de la transition Brice Clotaire Oligui Nguema.
Ainsi, la larme à l’oeil, et bien sûr avec une fierté certaine que ABC a confié la colombe du RPM à celui qui fut pendant longtemps son Vice-Président chargé des partenariats, un politique rompu à la tâche, ancien député du 3e siège Ogooué aval et actuel premier secrétaire du bureau du sénat présidé par Madame Paulette Missambo. Jean Robert Goulongana a le profil, le coffre et les épaules pour mener à bien cette délicate mission. Une déchirure aussi brutale pour un leader de parti politique qui doit choisir entre l’intérêt partisan et la mission républicaine à portée patriotique n’est pas chose facile et encore que beaucoup n’y sont pas tenus car n’ayant aucun ancrage exigeant.
Ce cas de la nomination d’ Alexandre Barro Chambrier au gouvernement intéresse à plus d’un titre les observateurs avertis de la vie politique gabonaise, parce que toujours penser que tous ceux qui critiquent, crient à hue et à Dia tout en trouvant inconvenant, voire provocateur certaines décisions et autres nominations font dans la mauvaise foi ou dans l’émotion débordante c’est sous-estimer la capacité du peuple de voir, sentir et ressentir l’état invisible de son État et c’est le début de la déperdition car le temps qui s’écoule marque l’œuvre des audacieux et fixe l’écoute des initiés. Qui a dit que la voix du peuple c’est la voix de Dieu ? Et à moi de dire, la vision du peuple c’est la vision de Dieu.
Jean Hilaires Biteghe Obame , journaliste d’investigations, lauréats international, dunkerque, bull international URTI