C’est le communiqué de la présidence de la République qui a indiqué que cette opération s’inscrit dans une démarche visant à « lutter farouchement contre la corruption et à restaurer l’intégrité financière dans la gestion des affaires publiques ». Autrement dit, il ne s’agit pas, pour l’Etat gabonais, d’acheter des parts dans une entité privée, mais de récupérer un bien qui lui a été volé, d’où l’expression « restaurer l’intégrité financière ».
La communication du ministre de la Justice va plus loin. Pour Paul-Marie Gondjout « le Chef de l’Etat a donné des instructions qui consistent à regarder dans toutes les sociétés de la place (…) là où des citoyens ont, de manière indue, acquis des parts dans certaines sociétés. Les récupérer de manière à les mettre au service de la République, des citoyens. C’est ce qui est le cas de CECA-GADIS… ». Avant d’ajouter que : « de nombreux barons de l’ancien régime sont venus d’eux-mêmes restituer les actions qu’ils ont perçues indûment dans des entreprises ».
Une action qui leur évite la prison. Selon le communiqué de la Caisse de dépôt et de consignation, cette opération va permettre la mise en œuvre locale du projet CDC TER. Il s’agira de contribuer à réduire progressivement la dépendance alimentaire du pays envers l’étranger de 90 à 75 % à l’horizon 2028.
De quoi retournent ?
Le groupe CECA-GADIS, qui est devenu, à force d’investissement, le leader local dans la distribution, avec 104 magasins et des installations commerciales à Sao-Tomé, n’est pourtant pas une entreprise créée par un particulier privé. Loin de là. CECA-GADIS n’est autre que la version moderne de la Caisse d’exploitation commerciale africaine qui fut une compagnie coloniale créée en 1933 et rachetée par l’Etat gabonais en 1962. Quelques années plus tard, en 1967, l’Etat gabonais va se désengager, en laissant sa part à des investisseurs privés regroupés au sein d’une holding appelée GAGEPAR. C’est cette entité, dont les propriétaires ne sont pas connus du grand public, qui va désormais récupérer les parts de l’Etat, à hauteur de 75 %, dans le groupe. Avec quels moyens ? Là est toute la question.
Ce rappel historique permet de comprendre comment, cinq mois après sa prise de pouvoir, le Général Brice Clotaire Oligui Nguema a permis à l’Etat de récupérer 35 % des parts dans le groupe CECA-GADIS. Si, pour sauver les apparences de certains actionnaires, la communication officielle faite autour de ce dossier a juste évoqué une entrée de l’Etat dans le capital de la boîte, il fallait être très attentif pour se rendre compte qu’il s’agissait plutôt de la restitution des parts de l’Etat frauduleusement acquises par des privés. L’autre interrogation est de savoir, quel sort sera réservé aux Imposteurs du groupe Ceca-Gadis ?
Outre ce groupe, le Gabon envisage d’acquérir des parts dans d’autres structures d’envergure et les redéployer au service de la République, afin de booster le développement de notre économie, entre autres Delta Synergie de la famille Bongo.
LMA