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Brice Laccruche Alihanga, « revenir de la vallée des morts ne peut vous laisser inchangé »

Ainsi décrit la détention pendant 4 ans de l’ancien directeur de cabinet d’Ali Bongo Onfimba, dans une récente interview accordée au journal Jeune Afrique. Dans cet entretien, celui qui se considère totalement gabonais, parle des raisons de son arrestation, ces conditions de détention, de sa jeunesse gabonaise, et de ce qu’il pense du Gabon actuel.

Comme il est quasiment de tradition au Gabon, c’est  à Jeune Afrique que Brice Laccruche Alihanga a réservé l’exclusivité de s’exprimer pour la première fois depuis sa libération intervenue le 20 octobre 2023, après quatre ans passé derrière les barreaux.

Depuis sa libération : « je me sens renaître, même si comme vous pouvez le concevoir, revenir à la vallée des morts ne peut vous laisser inchangé : les séquelles psychiques et physiques demeurent« .

Pour celui que les intimes appellent BLA, sa priorité est de « me rétablir totalement et le plus rapidement possible. » Pour cela, il doit suivre  » un traitement lourd pour me remettre des sévices que l’on m’a infligés« .

En détention, indique-t-il,  » j’étais dans une cellule de 6m2 aux murs et à la porte totalement aveugle. Un trou au milieu de la pièce en guise de WC« .  Pour autant, il n’a pas espoir. Bien au contraire : « pour moi, l’espoir est né de ma rencontre avec l’Éternel, et ar une certaine résonnance entre ma vie et le parcours de Paul de Tarse, devenu Saint Paul ». Quand bien même, il se souvient que les membres de la Young-team »venaient nous voir en prison pour nous narguer. J’ai à l’esprit un épisode précis. Ian Ngoulou, le directeur de cabinet de Nourredin Bongo Valentin, ‘a fait extraire de ma cellule en mai 2023, pour me dire qu’il était à l’origine de ma condamnation en correctionnelle, et qu’après les élections (élections générales du 26 août, ndlr) ils étaient convenus qu’ils me colleraient trente années de réclusion supplémentaires, car la justice c’était eux. Pour l’anecdote, il m’a également indiqué ce jour-là qu’il habitait dans ma maison, que désormais c’était la sienne, et que je n’étais plus qu’un mort en sursis. »

Sur sa nationalité à l’origine de première condamnation en correctionnelle, BLA, explique: « chez nous les Bantous et en particulier chez les Obambas, un adage dit: « l’enfant appartient à celui qui l’élève« . Je me suis considère totalement gabonais.

Et le ressortissant d’Eyougha, dans la province du Haut-Ogooué de relater sa jeunesse. Où il a passé plus de temps à Okala, dans le premier arrondissement de Libreville. De l’institution nationale des sciences de la gestion au moment où cet établissement d’enseignement secondaire était encore dans l’enceinte de l’université Omar Bongo, il se souvient qu’il traversait souvent la piste de l’aéroport à pied pour se rendre à son domicile.

De son éviction du poste de directeur de cabinet, BLA, éclaire: « La famille présidentielle dans le sens nucléaire du terme, était à l’origine de toute décision, qu’elle soit politique financière ou sécuritaire. Je n’ai, pour ma part, jamais été aux affaires lors dez différents événements post électoraux…je n’ai plus eu accès au président. J’ai été démis de mes fonctions et une machine implacable, adossée à une campagne de dénigrement médiatique, a été mise en place. Il m’a été alors été instruit d’organiser une tournée afin de détourner l’attention et de permettre au chef de l’État d’aller à Londres pour y recevoir les soins. Cette tournée est devenue le motif tout trouvé de mon éviction.« 

Sur la situation actuelle du pays, BLA estime qu’il « faut encourager le profond changement en cours au sein de la société gabonaise… On ne vient pas à bout d’un tel système en quelques mois seulement. »

Junior Akoma

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