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Tribune Libre| Le Gabon; entre fausse continuité et essai de changement: quand le plus dur des deux impose un paradigme parfaitement applicable

Journaliste d’investigation, Jean Hilaire Biteghe a exercé dans plusieurs médias gabonais, notamment à la télévision privée TV+. Observateur de la vie politique, l’homme des médias revient dans cette tribune qu’il a signée, sur les conditions de la prise de pouvoir par l’armée. Lecture !

 La communauté nationale, voire internationale s’est réveillée au petit matin du 30 août 2023 avec l’annonce de la captation du pouvoir par les forces de défense et de sécurité du Gabon à la tête desquelles un parachutiste, le Général de Brigade Brice Clotaire OLIGUI NGUEMA ; commandant en chef de la Garde républicaine du Gabon. Cette annonce qui a surpris plus d’un par la promptitude de l’opération et, surtout, son caractère chirurgical et non violent car sans effusion de sang, a vu l’adhésion spontanée, générale et globale du peuple gabonais. Ce peuple qui est sorti de façon presque inconsciente dans les rues de la capitale gabonaise et sur l’ensemble du territoire gabonais, pour exprimer non seulement son adhésion à cette opération militaire pour la restauration des institutions, mais aussi pour prendre à plein poumon cette bouffée d’oxygène restauratrice de leurs libertés et de leur dignité depuis longtemps perdues et espérées, mais enfin retrouvées.

Jean Hilaires Biteghe Obame , journaliste d’investigations, ©D.R

 

Je suis de notoriété connu dans mon pays comme un journaliste pas très accommodant, voire très dérangeant, que j’ai refusé de fuir malgré les affres subies. J’avoue que ce jour-là j’étais en phase avec ce peuple euphorique, un soutien inconditionnel de ces libérateurs de consciences, braves et patriotes qui ont agi dans le sens du désir profond du peuple et en qui, tous les combattants de la liberté au Gabon se reconnaissent.

Mon soutien est d’autant plus total vu la lecture dénaturée que certaines chancelleries font des évènements du 30 août 2023 à Libreville. Certaines, par une lecture biaisée de la culture sur la relation ‘’armée et pouvoir politique dans les Etats en manque de pratiques démocratiques, et pour d’autres, par mauvaise foi à cause des œillères qu’ils se sont volontairement mis. En effet, comment qualifier l’opération pour la restauration des institutions du 30 août 2023, institutions réelles pendant bien longtemps antirépublicaines anti-démocratiques, voire anti- constitutionnelles de ‘’Coup d’état’’ ?  Quand on sait que la définition même d’un coup d’état est la rupture brutale par l’armée d’un pouvoir démocratiquement élu et en fonction.

Question : le pouvoir politique existait –il encore à Libreville à cette date du 30 août 2023 ? Et quand ce pouvoir politique existait, était-il vraiment légitime et démocratique ?  Pour le cas du Gabon, il n’y a rien de tout cela, il n’y a pas eu de coup d’état au Gabon et gardez le pour dit. Ali Bongo, aurait dû,  dès l’ouverture officielle de la campagne présidentielle, le 11 août 2023, ne plus revêtir le statut de président de la République  et chef de l’Etat, mais il a continué à l’être et en jouir pleinement dans l’arrogance et au mépris total de tout jeu démocratique jusqu’au jour  du scrutin, soit! Mais entre le 26  et le 30 août, jour de l’opération, Ali Bongo n’était plus président de la République et puisque les élections  étaient générales, il n’y avait plus de parlement (Assemblée nationale, Sénat et les autres Assemblées locales). Le Centre gabonais des élections  à beau déclarer Ali Bongo vainqueur avec près de 65%  et donc gagnant desdites élections de manière officielle,   cela n’avait pas encore été validé par la Cour constitutionnelle du Gabon, tout comme Ali Bongo n’avait pas encore prêté serment et revêtu les attributions du pouvoir  tel que prévu par la Constitution gabonaise. Alors, en quoi et sur quelle base Ali Bongo était-il président de la République gabonaise démocratiquement élu pour être renversé brutalement par les militaires comme cela est présenté, mettant ainsi fin à un mandat démocratique ?

Le qualificatif est tout sauf un coup d’état, c’est une maniéré sibylline de vouloir noircir cette opération de libération en même temps que ses auteurs en les présentant faussement et grossièrement comme des antirépublicains, antidémocrates, voire anticonstitutionnels. L’armée gabonaise n’a pas mis fin au pouvoir d’Ali Bongo, elle a avec son peuple, simplement et bravement récupéré le pouvoir devenu moribond au Gabon depuis plus près de 60 ans. Voici pourquoi le peuple donne le temps à son armée. Le chantier est rude, complexe, voire titanesque au vu d’un tel ectoplasme dans la gestion de la chose publique, politique, économique, sociale, sociétale culturelle, démocratique, institutionnelle, etc.

Il serait prétentieux pour nos vaillants militaires  de penser pouvoir tout remettre dans l’ordre, le temps d’une transition, il leur serait impossible de faire décoller le pays dans ces domaines en lambeaux cités plus haut, même en ayant la durée d’un mandat électoral, avec toute la volonté possible, ils n’y arriveront pas. Mais une chose est sure et pointe déjà à l’horizon, j’ai cité : la restauration de nos institutions, celle-ci tordra le cou à la gabegie , à l’injustice, à la corruption, aux passe-droits, à ces privilèges indument accordés aux usurpateurs de tout acabit, au détriment des Gabonais et Gabonaises   qui n’ont pas de patronymes dans les hautes sphères et autres ayant-droits de fait. Une restauration pour l’appropriation de la fierté nationale, l’exemplarité des décideurs et tout autre citoyen ayant une quelconque parcelle de pouvoir, pour l’honneur et l’amour de la patrie, la fierté de participer, chacun à son niveau, à l’essor du Gabon vers la félicité et le CTRI y parviendra efficacement avec exemplarité et détermination. Le peuple doit continuer à y croire à y adhérer, mais surtout à y participer.

Certes, des voix s’élèvent dans la société civile, chez certains activistes et lanceurs d’alertes, dans nos quartiers et nos villages, il faudrait les écouter. Tout pouvoir politique a pour phare et aiguillon son peuple et plus encore un pouvoir politique tenu par des militaires, soutenu par son peuple pour faire différemment que le pouvoir précédent.  Pour y arriver, il ne faut ni la politique politicienne, car elle est simplement pour structurer la pensée,  c’est le prolongement  de la philosophie, ni justement de la philosophie qui est là pour construire le raisonnement (dire au peuple ce qu’il veut entendre sans plus), même si les changements des pouvoirs au Gabon depuis mathusalem a toujours obéit au même schéma  (depuis les premières élections constituantes du Gabon où le Bloc démocratique gabonais de Léon Mba ; arrive 3e a dirigé le gouvernement de l’unité nationale, idem pour tous les coups d’état électoraux connus jusqu’à ce jour dans notre pays qui se sont soldés par le même système de partage du pouvoir et l’opération pour la restauration du général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema n’a non plus dérogé  à  cette règle devenue tradition , alors que l’on pouvait bien connaitre, sans scandale aucun, un gouvernement de la transition uniquement composé des militaires. Les militaires qui sont des défenseurs pragmatiques de la République ; les protecteurs invétérés du peuple et les garants inflexibles des institutions démocratiques réelles et justes pour son peuple.

Sanctionner le parti politique au pouvoir est le principe de toutes les élections politiques, mais pour le cas actuel de notre pays, le CTRI n’a pas été élu mais adopté par le peuple, ce peuple qui fait sienne l’opération pour la restauration des institutions, tout comme le CTRI s’est approprié l’aspiration profonde du peuple. Nous pouvons alors parler le mariage d’intérêt entre le peuple  et son armée. Comme il est de notoriété que pour qu’une mission réussisse, il faudrait des moyens liés à cette mission. L’armée a été envoyée en mission par son peuple quoi que l’on dise, et le peuple se doit de lui octroyer les moyens nécessaires pour l’accomplissement de ladite tâche avec le résultat escompté au bout. Ces moyens étant : son adhésion (ce qui est fait), sa confiance (qui est à construire) mais surtout du temps, suffisamment de temps afin d’éviter tout errement, résultat des précipitations. Le temps étant le nom infaillible de Dieu créateur et restaurateur de toute chose, le peuple gabonais se devrait de remettre la transition entre les mains de dieu !

Jean Hilaires Biteghe Obame , journaliste d’investigations, lauréats international, dunkerque, bull international URTI

 

 

 

 

 

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