Les récentes publications en vidéos, audios et photos sur les réseaux sociaux de quelques activistes gabonais sur les activités et autres investissements des gabonais d’adoption juste après l’épisode Ousmane Cissé, du nom de l’éphémère directeur général de la société de l’énergie et d’eau du Gabon, ont un gros risque de glisser sur le terrain de la haine entre gabonais d’origine et gabonais d’adoption. Une question sensible qui devrait interpeller le gouvernement à mettre rapidement en place une véritable politique publique idoine qui ne lèserait personne.
Des publications devenues virales sur la toile indiquent une montée d’adrénaline d’une frange de gabonais. Depuis plusieurs jours, en effet, quelques activistes et autres membres de la société civile stigmatisent, sans détour, une catégorie de Gabonais d’adoption. Ils reprochent à leurs compatriotes leur implication excessive dans la gestion de la chose publique, au point d’amasser de grosses sommes d’argent qui leur permettraient non seulement de ‘’rapatrier des fortunes dans leurs pays d’origine’’, mais aussi d’investir au Gabon spécialement dans l’immobilier, au détriment, arguent-ils, des gabonais d’origine « sans pays de rechange ».
Dans leur courroux, ces dénonciateurs pointent un doigt accusateur sur quelques dirigeants qui favoriseraient, par certaines pratiques, l’éclosion d’une certaine catégorie de gabonais, notamment les gabonais d’adoption. En somme, il est reproché aux décideurs de faire une politique de deux poids deux mesures qui ne feraient la part belle qu’aux seuls Gabonais d’adoption. L’erreur à ne pas commettre c’est de prendre ces complaintes pour de vagues jérémiades ou un complot aux relents xénophobes. Une telle attitude simpliste mettrait le feu aux poudres.
Les histoires récentes vécues dans plusieurs pays d’Afrique, à l’instar de la Côte-d’Ivoire, avec le concept de l’Ivoirité rendu officiel pour la première fois sous le magistère du président Henri Konan Bedié, et qui a contribué à stigmatiser les ivoiriens dont les quatre grands parents ne sont pas nés en Côte- d’Ivoire, et les conséquences que ce concept a causées, devraient aider les autorités gabonaises à prendre les dispositions qui ne lèsent aucun citoyen gabonais.
Comme l’a si bien enseigné le président Omar Bongo Ondimba : « Lorsqu’un étranger nous apporte sa force de travail, apportons-lui en retour notre amitié », les gabonais ont toujours été xénophiles. Cette hospitalité a ouvert les frontières du pays au monde entier. Et plusieurs personnes de diverses nationalités se sont bien installées au Gabon. Mais le hic c’est lorsque certaines communautés même ayant acquis la nationalité gabonaise ne fonctionnent qu’avec les ressortissants de leurs pays d’origine. L’épisode Samuel Dossou, conseiller du président Omar Bongo Ondimba dans le domaine des hydrocarbures, a créé une caste de responsables de stations-services et pompistes essentiellement issus de son pays d’origine, le Benin. Sans que les dispositions ne soient prises pour éviter cette inégalité.
De même qu’il est constaté dans plusieurs chantiers engagés par certaines entreprises dirigées par les gabonais d’adoption, que d’autres gabonais d’origine n’y exercent pas ou très peu. D’autres exemples abondent.
La distanciation sociale qui se créée progressivement entre gabonais d’origine et d’adoption devrait emmener les autorités à mettre en place des mécanismes idoines pouvant favoriser davantage le développement du sentiment d’appartenance à une même nation. Cela passe par une bonne gestion de la diversité culturelle et des ressources humaines. Surtout dans un pays où les autorités prônent l’égalité des chances entre tous les citoyens.
Nelson Tchimbakala