C’est la grande interrogation, au lendemain du rapprochement brutal effectué par les deux figures de proue de Ntoum, qui ont professé leur réconciliation en public, après plusieurs mois de ‘’guerre froide’’.
Julien Nkoghe Bekale et Camélia Ntoutoume Leclerc assis côte-à-côte, l’image continue de faire les choux gras de la presse depuis le 13 mai dernier, au cours d’une tournée des structures de base locales du parti démocratique gabonais, leur parti commun. Cela faisait bien longtemps que les populations du Komo-Mondah n’avaient plus vu les deux personnalités échanger joyeusement en toute camaraderie. Une situation ubuesque quand on sait que pour s’implanter politiquement à Ntoum, Camélia Ntoutoume a bénéficié de l’encadrement de l’ancien premier ministre. En effet, officiellement c’est sous son aile que la jeune Camélia a commencé à flirter avec la politique du village de son défunt père, le fascinant ancien maire de de la commune de Libreville, Lubin Martial Ntoutoume Obame.
Jusqu’au moment où tout a basculé, alors que l’actuel président du conseil économique social et environnemental régnait à la primature et Camélia Ntoutoume y officiait en qualité de conseiller chef de département communication. Selon certaines indiscrétions, une fois l’actuelle ministre de l’éducation nationale a été bien introduite au cabinet de la première dame Sylvia Bongo, son ascension politique n’était plus dépendante de Julien Nkoghe Bekale. La suite, on la connaît. Une fulgurance politique constante de la jeune ministre, au point de devenir aujourd’hui le patron politique du département du Komo-Mondah. Julien Nkoghe Bekale ayant été promu président du CES, poste incompatible avec les mandats politiques.
A quelques encablures de la fin de l’actuelle législature, sauf cataclysme politique de dernière minute, il est presque établi que le futur candidat PDG du siège unique du 1er arrondissement de Ntoum sera Mme Ntoutoume Leclerc. Mais aller aux législatives sans la totale maitrise des structures de base et des organes délibérants du parti de la localité est un risque à ne pas prendre. Consciente de cela, Camélia est contrainte de faire avec Julien Nkoghe Bekale qui, en succédant à feu Casimir Oye Mba à ce siège, lors des partielles de 2010, suite à la démission du PDG de l’ancien gouverneur de la banque des états de l’Afrique centrale, avait jusque-là une mainmise sur la base PDG du siège.
Vraisemblablement, le calumet de la paix fumé dernièrement par les deux personnalités politiques trouverait ses origines sur ces calculs. Même s’il a eu le strapontin de président du CESE, il faut reconnaître que pour le moment, Camélia Ntoutoume a gagné politiquement. Pour combien de temps ? Car, il est de notoriété publique qu’en politique, rien n’est figé, Julien qui a certainement encore des arguments politiques à revendre, ne risque pas de laisser pour longtemps son successeur politique du 1er siège dans un cours d’eau tranquille.
Melchior Ndabeyene