Les tracasseries augmentent le coût du transport des produits agricoles au Gabon de 60 000 FCFA par tonne de la frontière camerounaise à Libreville.
Dans une récente note de conjoncture de la Banque mondiale, il est révélé qu’un transporteur subit au moins 44 contrôles et paie 1,5 million FCFA en pots-de-vin entre le sud du Cameroun et la capitale du Gabon.
« Alors qu’il couvre les 478 kilomètres entre la frontière d’Abang Minko [dans le sud du Cameroun] et la capitale gabonaise [Libreville], un camion peut s’attendre à être arrêté une fois tous les 10,8 kilomètres. Le chauffeur du camion serait arrêté 25 fois par la police et la gendarmerie ; plus environ quatre fois chacun par les municipalités, les douanes et la police phytosanitaire ; et sept fois par d’autres entités », révèle le document.
La Banque mondiale ajoute qu’en plus des paiements officiels et officieux exigés en cours de route, les innombrables arrêts augmentent les coûts logistiques et peuvent compromettre la qualité, voire entraîner l’avarie de certaines denrées périssables. De plus, sur un total de 44 interpellations, 33 pourraient être qualifiées de tracasseries au vu du retard de 11 heures et 7 minutes et du coût de 1 510 000 FCFA engendrés, soit environ 76 pour cent des coûts totaux aux postes de contrôle.
« Même si chaque paiement versé peut sembler minime, les tracasseries représentent un coût majeur pour l’économie nationale. Selon les données recueillies, les tracasseries augmentent le coût du transport des produits agricoles au Gabon de 150 FCFA par tonne et par kilomètre [67500 FCFA par tonne de la frontière camerounaise à Libreville] », révèle la note.
A en croire le même rapport, pour contourner les tracasseries, les chargements de camions sont souvent dissimulés. Ainsi, les produits plus fortement taxés sont enfouis au centre et entourés de produits de moindre valeur. En outre, étant donné que les petits envois transportés en voiture ou en moto sont rarement contrôlés et/ou taxés (officiellement ou officieusement), il est de pratique courante aux différents postes de frontières de répartir le chargement d’un gros camion en petits lots de deux à trois sacs transportés par des motos qui traversent par la suite la frontière avec moins de difficultés avant que la cargaison ne soit regroupée sur un autre camion de l’autre côté.
Généralement, les pratiques informelles entraînent une hausse des risques pris par les usagers aux frontières. A leur tour, les niveaux plus élevés d’informalité affectent négativement les efforts de mobilisation des recettes intérieures.
LMA
Source: Ecofin