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Gabon| Déclaration de Jean Rémy Yama depuis sa cellule à la prison centrale de Libreville

En prison depuis mars dernier, Jean Rémy Yama donne finalement ses nouvelles, notamment sur son état de santé et sur les conditions de  sa  détention à la maison d’arrêt de Libreville.  Une déclaration qui intervient quelques jours seulement après la dénonciation de sa défense, le week-end écoulé. Ici, l’intégralité de cette déclaration.

Déclaration de Jean Rémy Yama du samedi 17 décembre 2022

Je suis heureux de la tenue de cette conférence de presse qui est un moment important pour moi, car il permet de clarifier ma situation carcérale qui atteindra, dix mois le 2 janvier 2023. Je remercie mes avocats qui se battent sans relâche pour ma libération, et surtout pour l’application stricte de la loi sans aucune autre considération sociale, politique ou religieuse. Il est clairement établi que je suis un prisonnier politique et non un prisonnier de droit commun.

Faut-il qu’à la veille de chaque élection présidentielle, je sois toujours persécuté ? Un an avant les élections présidentielles du mois d’août 2016, la cabale contre moi avait déjà été déclenchée. En 2015, on m’a accusé d’avoir détourné 3 milliards de francs CFA destinés à la viabilisation du terrain des enseignants. La brigade financière de la police judiciaire et la Cour des Comptes m’ont auditionné et mené leurs enquêtes. Ce qui m’amènera en prison et me fera passer les présidentielles d’août 2016 derrière les barreaux, ce sont les accusations de troubles à l’ordre public et destruction des biens. Je suis donc arrêté le 09 juillet 2016 et remis en liberté provisoire deux mois après la proclamation des résultats. Jusqu’à ce jour l’instruction est toujours en cours.

Sept ans après, à la veille des élections présidentielles d’août 2023, je suis encore arrêté est poursuivi pour les mêmes faits qu’en 2015 à savoir, détournement de fonds publics. Les mêmes fonds donnés à la SCI serpentin en 2011 et 2013 pour lesquelles en 2015 on m’accusait déjà de détournement. Même sans l’intervention des avocats, aujourd’hui, n’est-ce pas évident que je suis victime d’un acharnement judiciaire sous l’instigation du pouvoir en place ? Je suis un prisonnier politique, prisonnier, du parti au pouvoir, c’est-à-dire prisonnier du PDG et des pédégistes. Beaucoup se cachent derrière le principe de la non-ingérence dans les affaires judiciaires. Maintenant qu’il est clairement établi que les raisons de mon incarcération sont politiques et non judiciaires, qu’allez-vous faire, vous qui êtes : Ma famille biologique : la tribu de ma mère Bassomba et alliés, la tribu de mon père Boudzengue et alliés, la tribu de mon grand-père maternel, Maghamba et alliés, la tribu de mon grand-père paternel Mboundou et alliés, ma famille d’alliance (Moanda, Champingo, etc.), ma famille professionnelle et syndicale, les défenseurs des droits de l’homme (OSC, Religieux, Diplomates…) ?

Je suis conscient du pouvoir de l’argent sur les individus, surtout en cette période électorale. Chacun cherche à mettre sa famille, à l’abri de la misère, du besoin et de la peur. Je suis conscient du pouvoir des relations bilatérales et des accords commerciaux entre États, mettant souvent au second plan les questions de violation des droits de l’homme. Les accords de pêche et autres priment sur la condition d’un seul homme. Je sollicite néanmoins de la communauté internationale, qu’elle mette ma famille à l’abri des représailles de mes bourreaux ; car à présent je peux affirmer qu’ils sont déterminés à me faire mal, très mal. J’interpelle les hommes de Dieu sur leurs responsabilités dans les dérives que nous observons. Vous savez à qui vous rendez compte. Si le pouvoir me persécute et si la persécution s’intensifie à la veille de chaque élection présidentielle, c’est à cause de mon combat, pour la défense véritable des droits de l’homme, des libertés, des intérêts des travailleurs, des retraités et des citoyens. Mon combat pour ces valeurs pendant la période électorale serait contre-productif auprès de ceux qui défendent le contraire, et veulent asservir les travailleurs, les retraités et le peuple. Je ne renoncerai jamais à mes convictions. Elles ne sont dirigées contre personne, c’est ma nature, c’est en moi je ne peux pas m’en défaire.

S’agissant de mon état de santé, les rapports sont accablants, mais le pouvoir judiciaire ferme les yeux. Il est clair que le procureur de la République, le juge d’instruction et leur commanditaire espèrent que mon état de santé se détériore pendant ma détention. Que dire de ma radiation qui est intervenue une semaine après mon incarcération. Je suis incarcéré le 2 mars 2022 et le 25 mars suivant j’étais radié des effectifs de la fonction publique. Lorsqu’on saisit le premier ministre à deux reprises par voie d’huissier de justice les 1er et 11 avril 2022, c’est le silence total. Bizarrement, le 11 octobre 2022, je suis notifié par huissier de justice à la prison centrale de Libreville, me remettant les documents suivants : Attestation de cessation définitive de service (pour régularisation) signée du Secrétaire général de l’Enseignement supérieur le 1er décembre 2021), la lettre du secrétaire général de l’Enseignement supérieur du 24 janvier 2022, me notifiant l’arrêté 002 portant révocation du premier ministre, l’arrêté du premier ministre du 20 janvier 2022 me radiant de la fonction publique.

Les documents sont signés en décembre 2021et janvier 2022, et c’est le 11 octobre 2022 qu’on me les notifie, soit 10 mois après. L’autre fait troublant est qu’entre décembre 2021 et février 2022, j’avais des rencontres régulières avec le ministre de l’Enseignement supérieur et le Secrétaire général, dans le cadre du dialogue social en ma qualité de président du Syndicat national des enseignants et chercheurs (SNEC). Les documents sont en réalité antidatés. Pourquoi un tel acharnement par le régime en place contre ma personne ? Son objectif est de me briser psychologiquement et financièrement dans l’espoir que je me repente et renonce à mes convictions. C’est pourquoi, je n’ai pas honte de vous demander de l’aide. En effet, depuis mon incarcération vous avez manifesté votre solidarité en m’apportant un véritable soutien financier. Ainsi vous m’avez aidé à payer mes charges de loyers et des frais de scolarité de mes enfants. C’est ici l’occasion de vous présenter mes sincères remerciements. Je vous exhorte donc à garder cet élan de solidarité en continuant de m’apporter votre aide dont j’ai grand besoin dans cette traversée du désert.

Aux institutionnels et personnes morales, je vous prie de bien vouloir rejoindre les ONG dans ce même élan de solidarité, aux particuliers, vous avez trois possibilités : m’aider par l’intermédiaire de la confédération syndicale Dynamique unitaire dont je suis le président, au numéro Airtel Money suivant : 077 50 02 98 ; vous pouvez également m’aider par mon téléphone dont le numéro Airtel Money est 077 17 33 59.

Vous qui avez confiance en Dynamique unitaire et moi, sachez qu’on ne vous décevra pas. Je prie Dieu de continuer de me soutenir quel que soit les tribulations par lesquelles je pourrai passer, afin que nous soyons toujours dignes de la confiance et de l’espérance placées en nous pour la défense des intérêts des travailleurs, des retraités et du peuple.

Que Dieu vous bénisse

Que Dieu bénisse, Dynamique Unitaire

Que Dieu bénisse, le Gabon

Libreville le 17 décembre 2022

 

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