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Foncier|Les Gabonais perdent du terrain !

Ces derniers temps, des scènes d’expropriation foncière de familles gabonaises sont largement relayées dans les médias et réseaux sociaux. La plupart de nouveaux « propriétaires » sont des gabonais d’adoption et autres expatriés. Les terres ancestrales sont désormais menacées par les frères venus d’ailleurs. Au nez et à la barbe des autorités compétentes.

 

Face à la presse, le 7 juillet dernier, sur son terrain que lui a légué sa défunte mère, dans le cinquième arrondissement de Libreville, dame Valérie Nyngone, lance un cri de détresse. « Je vous ai fait appel parce que vous êtes notre voix », explique-t-elle aux reporters, les nerfs à fleur de peau.

Ici, le terrain sur lequel a investi sa mère dans sa vie professionnelle, en qualité de dame de ménage au ministère des travaux publics, porte un titre foncier qui appartient à un certain Colbert d’origine camerounaise. Un document qu’il aurait obtenu des autorités compétentes en 2021. A la grande surprise de dame Nyngone. Puisque depuis 1985, sa défunte mère avait introduit une demande de titre foncier. Sans suite favorable.

Sans se décourager, dame Nyngone dit avoir pris le relais pour la même cause, au ministère du cadastre où elle a même rencontré le ministre de tutelle de l’époque. En vain. Puis, avec l’avènement de l’agence nationale de l’urbanisme, des travaux topographiques et du cadastre (Anuttc), Valérie Nyngone, y introduit le même dossier. C’était entre 2015 et 2020. Toujours sans suite.

Un matin, subitement, la famille Nyngone apprend que le site est désormais la propriété d’une autre personne. Alors que certaines informations faisaient état de ce que le terrain en question est celui d’un ancien premier ministre. D’où son interrogation : « un seul site peut-il avoir deux titres fonciers »? A l’Anuttc de répondre.

Mi-juin 2022, une autre expropriation plus musclée et violence, a été enregistrée au quartier Glass, dans le quatrième arrondissement de Libreville. Le nouveau « proprio » d’origine libanaise a fait casser les biens immeubles d’une famille gabonaise qui dit être sur le site depuis 1923. Le choc causé par cette intervention à la pelleteuse, a contraint le ministère de la justice à diligenter une enquête pour en savoir plus. Même si le mal était déjà fait.

En 2021, c’est une école qui est détruite avec des engins. Le nouveau propriétaire? Toujours d’origine libanaise. C’est grâce à l’autorité municipale du cinquième arrondissement de Libreville où était implantée l’école que le chantier prévu sur le site a été arrêté. Demain à qui le tour ?

C’est la grande interrogation face à la montée fulgurante du phénomène d’expropriation vécue au Gabon ces derniers temps. Où les anciens occupants des sites se font ravir les terres par de nouveaux venus. A cause d’une administration qui tâtonne pour délivrer les titres fonciers aux multiples demandeurs.
Créée par décret numéro 1500 du 29 décembre 2021, portant création et organisation de l’Anuttc, l’agence nationale de l’urbanisme, des travaux topographiques et du cadastre a été mise en place pour fluidifier le traitement des demandes de titres de propriété. Jusque-là, elle peine toujours à remplir cette mission. En 2018, on comptait 25.000 demandes de titres fonciers non traités, alors dans le discours officiel, le délai de délivrance d’un titre foncier est fixé au plus tard à six mois.

De plus, les articles 26 et 27 de l’ordonnance numéro 5/2012 font obligation à tout propriétaire non titulaire du titre foncier à solliciter les services de l’État aux fins d’immatriculation et d’inscription dans le livre foncier. Malheureusement, l’administration compétente accumule les dossiers sans les traiter dans les délais. Un retard qui profite curieusement aux nouveaux demandeurs qui, par la Maggie de l’Anuttc, accaparent les terres des premiers occupants. Du coup, les Gabonais perdent du terrain chaque jour. Avec des conséquences que cela peut causer dans l’avenir, si les pouvoirs publics ne prennent pas véritablement leurs responsabilités.

 

 

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