La décision des pouvoirs publics visant la délocalisation du chef-lieu de la province de l’Estuaire à Akanda, suscite une véritable levée de bouclier au sein des populations de ladite province. Lesquelles dénoncent une volonté manifeste du pouvoir de fragiliser et de transformer l’histoire de la première province du Gabon.
Dans la communauté Mpongwé, les voix s’élèvent pour pointer un doigt accusateur sur l’actuel Premier ministre, Rose-Christiane Ossouka Raponda, du reste issue de cette communauté linguistique qui ne cache plus son exaspération face à cette modification administrative. Des audio postés par réseaux sociaux interposés traduisent parfaitement la colère des femmes Mpongwé qui ont décidé de prendre la tête d’une opposition radicale à la décision du gouvernement. Les appels des femmes Mpongwé, Benga et Fang à s’opposer au transfert du chef-lieu de l’Estuaire à Akanda et au soulèvement populaire pour faire reculer les pouvoirs publics, sont de plus en plus récurrents.
Du coup, dans certains milieux autorisés, la première ministre actuelle et son gouvernement sont accusés d’afficher du mépris au refus des communautés ethniques de l’Estuaire de faire de Libreville une zone administrativement privée de son statut d’antant.
Les communautés Mpongwé, Akélé, Fang, Myéné et une bonne frange des Benga estiment qu’ils ne sauraient s’accommoder à l’idée que l’Estuaire devienne un terrain d’expérimentation des pires réformes jamais vécues ailleurs sur le reste du territoire national. Mais hélas, pour l’actuel locataire du 2 décembre, à ce qu’il semble, aucune objection n’est à émettre à la décision de son gouvernement, malgré les allures conflictuelles qu’elle connaît depuis son officialisation en Conseil des ministres. Certaines indiscrétions avancent que les populations de l’Estuaire voient en cette décision une trahison de la part du Premier ministre qui en porterait la responsabilité historique.
Autrement dit, si la profanation des terres de la pointe Denis et de Pongara fait déjà l’objet de fortes récriminations de la part des populations côtières du Gabon, la décision faisant de la commune d’Akanda le chef-lieu de l’Estuaire vient carrément mettre le feu aux poudres et pourrait donner lieu, si l’on y prend garde, à des manifestations populaires dans un proche avenir.
Sur le plan politique, les observateurs avertis voient du grain à moudre pour l’opposition incarnée par Alexandre Barro Chambrier, fils de l’Estuaire lui aussi. Autrement dit, pour le citoyen lambda, le fonctionnement actuel des institutions du pays dégagerait des miasmes d’un amateurisme saisissant et une absence de finesse et de sagesse dans la plupart des décisions prises par les dirigeants du pays.
Mieux, à un an de l’élection du président de la République, il se dégage le sentiment que d’aucuns, dans la sphère décisionnelle de l’Etat, pousseraient le chef de l’Etat, candidat à sa propre succession, dit-on, dans des schémas politiquement contre productifs et qui, comme on peut le soupçonner, risquent d’égratigner son crédit confiance dans la perspective de 2023.