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Covid19|Après les meures restrictives : l’Etat va-t-il payer la note ?

Annoncée officiellement par le chef de l’Etat, le 9 mars dernier, la levée des mesures restrictives contre la propagation de l’épidémie à Covid-19,  après deux ans de souffrance, est effective sur le terrain. Mais le traumatisme demeure, au regard des pertes d’emplois et autres activités qui ont dû mettre la clé sous le paillasson. L’impact socio-économique des deux ans de restrictions va-t-il passer en pertes et profits?

 Propriétaire d’une boite de nuit située à Libreville, JMA qui a vu son activité bloquée pendant deux ans, demeure tétanisé malgré la levée des mesures restrictives annoncée par les autorités du pays. Sa structure qui comptait une quinzaine d’emplois directs et indirects s’est brutalement arrêtée en mars 2020, pourrait définitivement fermer : «Avec la levée des mesures restrictives, je ne sais pas comment reprendre mon activité. Depuis deux ans, les appareils n’ont pas fonctionné, car tout était fermé. Pendant deux ans, il fallait vivre malgré l’absence de l’activité. Les petites économies ont été vidées en quelques semaines. Si je dois reprendre, il me faut un sérieux fonds de redémarrage», explique-t-il.

A l’instar de cet opérateur économique, beaucoup d’autres personnes qui vivaient grâce à l’économie de nuit sont sur le carreau. «C’est un vrai sinistre. Tous les entrepreneurs de nuit ainsi que leurs employés ont tout perdu. Sans soutien ou autres mesures d’accompagnement, il sera difficile pour beaucoup d’entre nous de reprendre les activités», indique un restaurateur  qui n’a toujours pas rouvert son restaurant depuis que cette catégorie d’activités a été autorisée à reprendre, en respectant les mesures barrières.

Etudiante sans bourse, Lesly M. exerçait aussi dans un Casino de la place. Comme nombre de ses collègues, elle a aussi perdu son emploi. Une activité qui lui permettait de supporter ses charges. «Depuis que ces mesures ont été imposées, je n’ai plus eu une autre activité lucrative. C’est beaucoup difficile pour moi.»

L’Etat gabonais peut-il venir en aide à la relance des activités de ces entreprises qui contribuent à l’économie du pays ? Face à la presse le 15 mars dernier, le porte-parole du gouvernement, Alain Claude Billie-Bi-Nze, qui a donné des détails sur les modalités liées à la levée des mesures restrictives, n’a rien dit sur un éventuel soutien de l’Etat à une économie de nuit ravagée pendant les deux ans de durée des mesures restrictives liées à la lutte contre la propagation du Covid-19.

On se souvient qu’au plus fort de la crise sanitaire, près de 500 milliards de Fcfa avaient été alloués par les bailleurs de fonds en faveur du Gabon, pour lutter contre le Covid-19. Cet argent avait-il été normalement géré? Par soucis de transparence, le parlement gabonais avait ouvert une enquête sur la gestion de cette manne. Un rapport avait même été réalisé. Mais jusque-là, le commun des citoyens ne sait pas le contenu dudit rapport.

«L’assemblée nationale, effectivement, a mis en place une commission d’enquête parlementaire. Celle-ci a fait son travail et rédigé un rapport. Celui-ci a été remis au président de l’institution qui par la suite, l’a soumis à l’appréciation du bureau qui l’a présenté à la conférence des présidents, avant l’examen en plénière. A l’issue d’un débat, les députés, à main levée, ont voté pour la non publication dudit rapport», s’est presque félicités, Faustin Boukoubi, président de l’Assemblée nationale, dans une interview parue le 10 janvier dernier au quotidien L’Union. Une réaction qui sonne comme une complicité entre l’exécutif et le législatif, au grand dam de la séparation des pouvoirs consacré par la constitution gabonaise.

Nelson Tchimbakala

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