Depuis 1989, année à laquelle avait été promu, pour la première fois, un ressortissant de la province du Haut-Ogooué, province originaire du président de la République, la direction générale des Douanes gabonaises n’a plus jamais connu un manager d’une autre province, sur les neuf que compte le pays. Toute chose qui remet en cause la politique de l’égalité des chances prônée par les plus hautes autorités du pays. Et met en mal la cohésion sociale.
De Ludovic Ognagna, nommé directeur général des douanes en 1989, en passant par Dieudonné Lawamouo Obissa, Célestin Odounga, Fridolin Onguida, Alain Ndjoubi Ossamy et aujourd’hui Boris AtchougouAdmina, tous sont originaires de la province du Haut-Ogooué. Toutes leurs années cumulées à la tête des douanes gabonaises totalisent 32 ans. Un peu plus de la moitié des 61 ans d’indépendance du pays.
Avec l’arrestation, en 2017, de l’ancien directeur général, NdjoubiOssamy, et l’intérim assuré par Jean Emmanuel Ndoutoume, quelques observateurs croyaient, enfin, à la fin du long règne du Haut-Ogooué à la tête des Douanes gabonaises. Que nenni ! L’intérim n’a duré que près de 6 mois et l’intérimaire n’avait même jamais été confirmé au poste de DG. Vraisemblablement, réservé aux seuls douaniers originaires du Haut-Ogooué. « Pourtant, on peut retrouver les compétences ailleurs que dans cette province pour diriger les douanes gabonaises« , fustige un douanier, fraîchement retraité. Ce dernier avait été recruté sous M.Ognagna.
En succédant à son père en 2009, Ali Bongo, a continué avec la même politique de conservation du poste de directeur général aux Douanes gabonaises. Les chamboulements de 2009, n’ont pas ébranlé l’ordre établi au sein de l’administration des Douanes, du moins au niveau de la direction générale qui est toujours confisquée dans la province du Haut-Ogooué. Une situation ubuesque qui s’inscrit aux antipodes de la politique de l’égalité des chances initiée par le président Ali Bongo depuis 2016.
En effet, en février 2016, en présentant son projet sur l’égalité des chances, Ali Bongo disait nourrir une grande ambition pour son pays. « Celui que chaque Gabonais ait la même opportunité d’exprimer son talent, de subvenir à ses besoins, sans considération de sa naissance, de ses relations, de sa richesse. L’égalité des chances : c’est l’ambition que je nourris pour mon pays« , déclarait-il.
Malheureusement, dans plusieurs pans de l’administration, à l’instar des Douanes gabonaises, l’égalité des chances demeure toujours une simple vue de l’esprit.
Pour combien de temps encore? That’s the question.
Melchior Ndabeyene