Suite aux propos haineux et discriminatoires de Max Anicet Koumba, ci-devant Président des Gaulois, à la tribune du Conseil national de la Démocratie, en session ordinaire, de nombreuses réactions ont fusé de partout, dont celle de Alain Zue Ndemezo’o, acteur politique et membre de la communauté fang. Avec d’autres compatriotes de sa communauté, ils ont également intenté une action en justice. Dans cet entretien, il revient sur les motivations de cette démarche. Lecture !
P.M.G : Max Anicet Koumba a tenu, à la tribune du Conseil National de la Démocratie (CND), des propos haineux et tribalistes envers la communauté Fang. Que pensez-vous de ses propos ? N’a-t-il pas percé l’abcès ? Qu’a-t-il dit contre les Fang, qui n’ont jamais été dit où entendu ?
Alain Zue Ndemezo’o : Permettez-moi d’abord de remercier Pyramid Medias Gabon, pour l’intérêt manifesté à cette actualité qui continue à nourrir, avec amertume, les débats au sein de la communauté fang.
Les propos de Monsieur Max Anicet KOUMBA appellent à l’éradication de notre communauté. Voyez-vous, dire et affirmer que les disfonctionnements constatés dans la conduite des affaires du Gabon sont causés par l’incivisme et l’indiscipline des Fang. Surtout que l’imposture des Pahouins et le tribalisme de ces derniers contribuent au blocage du développement du Gabon, est extrêmement grave.
Malgré notre volonté de continuer à vivre en bonne harmonie avec toutes les autres communautés, les propos tenus à l’endroit de notre ethnie expriment fort bien, ce que pensent, tout bas, bon nombre de compatriotes non Fang. Par conséquent, nous nous sentons en insécurité à tous égards.
Quelque temps après son discours, le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur a réagi, en infligeant une sanction à l’endroit de sa formation politique, le Rassemblement des Gaulois. Cette sanction, est-elle insuffisante au regard des propos tenus par Max Anicet Koumba et de l’émoi suscité dans l’opinion ?
Nous sommes plutôt déçus des décisions du gouvernement sur cette affaire. Nous avons, et à juste titre, le sentiment que le discours tenu par Max Anicet KOUMBA semble anodin pour les plus hautes autorités de ce pays. La preuve, au lieu que ce dernier présente des excuses à la communauté agressée et frustrée, Il s’est plutôt adressé, avec ironie, aux Gabonais dans leur ensemble, évitant de s’adresser particulièrement et directement aux Fang. Nous parlons de déception, parce que sous d’autres cieux, des génocides commis ont commencé par de tels discours haineux et de discriminatoires.
Nous appelons à la clairvoyance du Chef de l’Etat pour que des décisions politiques fortes et courageuses soient prises, afin d’éviter des dérives aux relents identitaires, dont les effets seraient incalculables et imprévisibles pour la Nation.
Vous avez, comme d’autres compatriotes, introduit une plainte contre Max Anicet Koumba au tribunal de Libreville. Qu’attendez-vous de votre démarche ?
Notre plainte est additionnelle, puisque d’autres compatriotes l’avaient déjà fait. Il faut dire que nous avons, à notre tour, décidé de le faire, après que nous ayons constaté qu’aucun chef, ni aucun groupe de Gabonais d’autres communautés ne soient montés aux créneaux pour fustiger le message dangereux du compatriote Max Anicet KOUMBA. Nous avons, à ce moment, estimé qu’il faudrait que la justice se saisisse sérieusement de cette affaire en appliquant, avec fermeté, l’article 284 du code pénal qui traite de cette question. Nous voulons enfin rappeler à tous ceux qui pensent comme Max Anicet KOUMBA, que la communauté Fang a suffisamment démontré son attachement à l’idéal de l’unité des communautés qui composent notre pays.
Votre mot de la fin :
Toute menace et toute tentative de déstabilisation de l’unité nationale ne sauraient prospérer en passant par nous. Le Gabon, au-delà de nos personnes, reste un et indivisible.