Au Gabon, le seuil de pauvreté a atteint son apogée. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder des grappes humaines qui s’agglutinent au cours des différentes opérations gratuites offertes par des nababs et autres organisations du pays, à l’instar des caravanes médicales et autres dons de kits alimentaires. Même si le contexte n’est pas le même, n’en demeure pas moins que la gratuité du transport public offerte aux populations depuis l’avènement du Covid-19 y entre bien dans ce cadre.
Ils sont nombreux, ces usagers qui, malgré le vent, la chaleur, la pluie, s’alignent pour emprunter le fameux ‘’Ngory’’ pour se rendre qui, à son domicile qui, à son lieu de travail. La situation devient telle que de nombreux Gabonais s’y sont accommodés. Ces derniers, qui avaient honte dès les premiers jours, s’y sont résolus, au regard de l’étreinte due au coût de la vie. Cette dépense en moins permet à certains de joindre les deux bouts. Il n’est un secret pour personne que le coût du transport au Gabon devient de plus en plus cher avec le Covid.
Pour la petite histoire, rappelons, à toute fin utile, que : C’est au titre des mesures d’accompagnement visant à atténuer les répercussions du confinement du Grand Libreville, que le Gabon a annoncé la gratuité du transport dans les compagnies publiques. L’Etat soutiendra à hauteur de 6 milliards de FCFA cette mesure dont un plan de mobilité a été arrêté par le Ministre des Transports. Ledit plan est assuré par les compagnies Trans-Urb, SOGATRA et Trans-Akanda. 185 bus ont été répartis dans le ‘’Grand Libreville’’, qui comprend les communes de Libreville, Owendo, Akanda, Ntoum ainsi que la Station balnéaire de la Pointe-Denis.
Mais depuis quelque temps, les nombreux mois d’arriérés de salaires dus aux agents de ces deux sociétés par leur employeur, l’Etat, dégrade de plus en plus la situation. Elle s’est même empirée depuis lundi 25 octobre dernier, avec le service minimum observé par ces deux entités. Si à Trans’Urb on parle de trois mois d’arriérés impayés, avec un mois payé depuis lundi, à Sogatra la situation est plus que compliquée. Les agents de cette entreprise de l’Etat ont été dans l’obligation de faire un énième sit-in devant le Trésor public, accusé, à tort ou à raison, de bloquer leurs salaires, pour pas grand-chose. Puisque jusqu’à ce jour, ils n’ont reçu aucun Kopeck, encore moins une promesse.
Situation qui se ressent sur le terrain. Depuis lundi dernier la rareté des bus de ces deux entités est palpable. Il suffit de faire un tour au quartier Rio, plaque tournante des rotations de ces bus, pour comprendre l’étendue des dégâts. Des files d’usagers s’allongent à perte de vue. Un seul bus pour la desserte d’une ligne bondée comme celle de Ste Marie au pk 12 est intolérable. « Je suis là depuis le matin. Je n’arrive pas à pendre un bus pour Ste Marie. Un seul bus pour faire tout ce boulot, c’est impossible. Et dans ces conditions comment faire pour me rendre au travail ? », s’est interrogé un usager au PK 12. Il en est de même de Nzeng-Ayong, dans le 6e arrondissement de Libreville, où la ligne Rond-Point – Ste Marie a été desservie par un seul bus. Imaginez la suite.
Dans ces conditions, allons-nous progressivement vers la fin des Ngory, même si c’est au grand dam des usagers ?
karl Dhorian