Pendant que la cour criminelle spéciale a ouvert une série de procès liés au détournement de derniers publics, l’ancien directeur de cabinet du chef de L’État, incarcéré initialement pour les faits de concussion, est d’abord jugé en correctionnel pour obtention frauduleuse des documents administratifs.
Le pays aurait certainement pu se passer d’un procès qui donne aujourd’hui une pâle image de l’administration gabonaise. Et pour cause, celui qui est devant les tribunaux, accusé d’avoir obtenu sa nationalité gabonaise de manière frauduleuse, a occupé de très hautes fonctions de directeur de cabinet d’un président de la république, chef de l’État.
Dans un pays normalement constitué, occuper de telles fonctions obéit à une minutieuse enquête préalable de moralité. Un travail effectué, en général, par les services de renseignements. Et Dieu seul sait que le Gabon en compte plusieurs. De deux choses l’une: où ces différents services n’ont pas fait correctement le boulot, ou c’est le destinataire de ces renseignements qui n’a pas pris au sérieux le travail effectué en amont par lesdits services.
Sinon, comment Brice Laccruche Alihanga qui a passé un peu plus de deux au poste directeur de cabinet du chef de l’État, s’est hissé au sommet de l’administration, avec de supposés documents frauduleux de nationalité gabonaise? Où étaient les services compétents pour éviter une telle forfaiture teintée d’imposture suprême ? L’administration gabonaise est-elle aussi poreuse au point de permettre à n’importe quel quidam d’obtenir frauduleusement la nationalité gabonaise avant de se faire facilement propulser au sommet de l’État ? Et quel est le sort réservé aux présumés complices de cet acte odieux? Pourquoi ne sont-ils pas, eux aussi, à la barre ensemble que leur présumé complice pour répondre de leur acte?
S’il est avéré que c’est seul l’ancien DCPR qui cumulait aussi les fonctions de directeur de cabinet du « Distingué camarade » du parti démocratique gabonais, parti au pouvoir, qui est jugé sur cette affaire, l’opinion pourrait croire à un complot contre Brice Laccruche Alihanga. Qui est en prison depuis un an et demi, faut-il le rappeler, pour une affaire pour laquelle il n’est pas encore jugé.
Sauf à penser que les faits de concussion qui ont conduit BLA derrière les barreaux fin 2019, ne pèseraient pas bien lourds. Alors, intenter à son encontre un autre procès, cette fois, pour obtention frauduleuse des documents administratifs pourrait justifier une longue bagne à « Sans famille » à celui qui, vraisemblablement, a vite basculé de « messager intime » d’Ali Bongo à ennemi intime de tous ceux qui étaient à ses pieds, lorsqu’il dirigeait le cabinet présidentiel.
Junior Akoma