A l’instar de la communauté internationale, le Gabon célèbre ce lundi 03 mai 2021 à Libreville, la journée mondiale de la presse, à la faveur de quatre conférences débats autour du thème central retenu cette année ‘’l’information comme bien public’’. Une 30ème journée mondiale de la presse qui se célèbre alors que la presse gabonaise broie du noir sur le plan économique et professionnel.
Depuis novembre 2020 au Gabon, le coût d’impression est passé presque
du simple au double.
En effet, avant cette date, pour imprimer par exemple un journal de 8 à 12 pages de 500 exemplaires, l’éditeur devait être débourser à l’imprimerie la plus moins chère de Libreville « la Référence’’ 100.000FCFA. Or, il lui faut 180.000FCFA aujourd’hui pour imprimer la même quantité de journaux. Et si l’éditeur imprime 1000 exemplaires, il doit
débloquer 240.000FCFA contre 180.000FCFA auparavant. Un manque à gagner sur le plan économique qui ne dit pas son nom.
Pire, si l’éditeur décide d’aller imprimer à Multipress réputée être de qualité supérieure, il devra débourser 495.000FCFA pour 1000 exemplaires. Une fois l’impression terminée, SOGAPRESSE, unique distributeur agréé de vente des journaux au Gabon, avant sa cessation d’activité, prend le relais.
Pour un journal vendu à 600 FCFA, SOGAPRESSE prélève 240 FCFA et l’éditeur 360 FCFA. Un mode de fonctionnement qui ne profite nullement à l’éditeur. Autrement dit, si par miracle les 1000 exemplaires sont vendus, ce qui n’est pas souvent le cas, l’éditeur n’aura que 360.000FCFA sur les 600.000FCFA des journaux vendus. Et s’il enlève les frais d’impression de Multipress de 495.0000 CFA, il sera déficitaire de 135.000FCFA ou de la Référence de 240.000FCFA, il aura une légère marge bénéficiaire de 80.000FCFA. Si c’est un journal hebdomadaire comme ‘’Echos du Nord’’, ‘’le Temps’’ ou la ‘’Cigale
Enchantée’’, l’éditeur devra dépenser mensuellement 1.980.000 FCFA des frais d’impression à Multipress pour 1.440.000 FCFA de journaux vendus, soit un déficit de 580.000FCFA, et 960.000FCFA à la ‘’Référence’’, pour 1.440.000 FCFA de journaux vendus soit une marge bénéficiaire de 480.000FCFA.
Au finish, quelqu’un soit l’imprimerie, l’éditeur ne s’en sort pas dans sa trésorerie. Au contraire, il devra contracter des dettes ailleurs, ou recourir aux âmes de bonnes volontés pour maintenir son entreprise en vie. Parce qu’il doit aussi subvenir aux charges domestiques, voire régaliennes entre autres, salaires du personnel, frais du loyer, d’électricité, de l’eau, et de l’impôt….).
C’est conscient de ce manque à gagner récurrent dans la presse écrite libre et indépendante, qu’un groupe d’éditeurs avait saisi par le passé Feu Président Omar Bongo Ondimba en 2001, pour que l’Etat vienne en aide à cette presse improductive sur le plan économique mais qui contribue efficacement à la vitalité de la Démocratie. Au terme de l’audience, le Chef de l’Etat, par compassion débloquera dans son compte personnel un montant de 250 millions de FCFA pour soulager les éditeurs de presse en attendant l’institution annuelle d’une
subvention de 500 millions de FCFA dans la loi de finances 2002. A partir de cette date jusqu’à la mort de Feu Président Omar Bongo, cette subvention était régulièrement payée aux éditeurs, d’ailleurs, plusieurs journaux virent le jour à cause d’elle. Mais depuis 2010, jusqu’à ce jour, cette subvention a du mal à être payée régulièrement aux éditeurs. Pire, elle a été réduite de 87% par le régime d’Ali Bongo Ondimba, à telle qu’enseigne que les journaux se partagent aujourd’hui 130 millions de francs CFA avec les sites d’informations en ligne. Une portion congrue qui ne permet pas aux éditeurs de s’en sortir.
Et si les décideurs ne font rien, la presse écrite gabonaise risque de disparaître à cause de la réduction drastique de la subvention annuelle, surtout dans environnement économique qui ne réserve.
RMON