Inimaginable ! Zacharie Myboto qui a solennellement remis son tablier au 2e congrès ordinaire de l’Union Nationale (UN) vient de se dédire. En effet, le 7 décembre 2021, le président du parti monte à la tribune du congrès. Il est 16h. Le verbe est haut. La circonstance exceptionnelle.
Le ton solennel : » Très sincèrement, je vous dis merci ! Merci et je prends congé de vous. J’ai donné ce que j’ai pu pour notre parti et pour la République. Merci beaucoup ! » Le congrès souverain prend acte de cette démission par un tonnerre d’applaudissements. A la sortie de la salle, avant même la fin des travaux, devant une meute de journalistes, l’ancien président persiste et signe : « Comme je l’avais promis, je me retire. »
Aujourd’hui, revirement spectaculaire. Il revient sur ce qu’il a dit. Voilà qui rappelle le fameux » J’ai dit et me dedis » d’Abdoulaye Wade. Finalement, le dictateur sénégalais et lui, ont des points communs: la dévolution dynastique entre autres. Le pouvoir sénégalais à Karim et la présidence de l’UN à Paul-Marie, le gendre.
Depuis que Paulette Missambo – poids lourd du parti – a annoncé sa candidature à la présidence du parti, les Myboto n’ont plus le sommeil tranquille. Avant et pendant le congrès avorté du 5 décembre 2021, le patriarche Nzebi de Mounana a tout fait pour étouffer dans l’œuf la candidature de cette Adouma de Lastourville au profil bien plus éloquent. La toute première manœuvre était de distiller en interne des rumeurs selon lesquelles dame Missambo serait malade et qu’elle ne peut assurer les charges liées à la direction du parti. Malade de quoi ? Mystère. C’est cet argument qui a été développé par les « Chantal boys » sur les réseaux sociaux, avant et même pendant le congrès.
Quand on faisait remarquer aux uns et aux autres que le schéma de Zacharie Myboto avec Paul Marie Gondjout relevait d’une succession dynastique, les mêmes rétorquaient par une autre argutie : « Missambo est, elle aussi, une parente du patriarche Nzebi de Mounana. » Bien difficile d’établir ce lien de parenté entre une Adouma de Lastourville et un Nzebi de Mounana, originaire de Pana.
Il a donc suffi que le Vice-président Casimir Oye Mba et le Secrétaire exécutif, Minault Maxime Zima convoquent une réunion du Bureau national, au titre de l’article 15 des statuts qui stipule qu’en cas d’indisponibilité du président, l’intérim est assuré par le vice président le plus âgé, pour que Zacharie Myboto monte au créneau et tente de reprendre son ancien tablier. Ancien président, il connaît le rapport des forces au sein du Bureau national qui fixe les règles du jeu avant le congrès. Il sait que cette instance de décision ne peut accepter d’envoyer au congrès la liste électorale taillée sur mesure par le candidat Paul-Marie Gondjout, Secrétaire exécutif adjoint chargé des élections. Il sait que c’est grâce au fait que c’est lui, Zacharie Myboto, qui présidait les réunions et orientait les débats que cette liste n’a jamais été présentée au Bureau national avant le congrès raté. On le comprend, rien chez lui n’est plus important que sa progéniture, sa fille notamment.
Tant pis pour l’image qu’il renvoie de l’opposition gabonaise qu’il a longtemps incarnée depuis qu’il est à la tête de l’UN. Tant pis si ses actes se confondent à ceux des dirigeants africains – les dictateurs – qu’il condamnait tous les jours. Tant pis si, par une série de maladresses et la parole non tenue, il sort de la politique par la petite porte. Pourvu que l’époux de Chantal Myboto succède à Zacharie Myboto…