Parce que plusieurs pays dans le monde, dont le Gabon, ont opté pour le tout répressif jusqu’à causer les morts dans la gestion de la lutte contre le coronavirus, la 46ème session du Conseil des droits de l’homme, dont l’édition de cette année se déroule en ligne, crise sanitaire oblige, a mis en exergue le fait que les restrictions liées à la lutte contre la pandémie du Covid servent d’excuse «pour affaiblir les voix des opposants et réprimer les critiques».
Il est vrai que les seules dénonciations ne suffisent pas pour arrêter les pratiques de certains gouvernants qui n’ont rien à cirer des droits de l’homme. A l’ouverture de la 46ème session du conseil des droits de l’homme, le 23 février dernier, le secrétaire général de l’organisation des Nations Unies, Antonio Guterres, qui a consacré une large partie de son discours à la pandémie du coronavirus, a déploré que : «les défenseurs des droits humains, des journalistes, des avocats, des militants et même des professionnels de la santé » font l’objet «d’arrestations, de poursuites et de mesures d’intimidation et de surveillance pour avoir critiqué les mesures –ou le manque de mesures- prise pour faire face à la pandémie.»
On le sait, depuis l’avènement du coronavirus, plusieurs pays ont pris une batterie de mesures dans le cadre de la lutte contre la pandémie. Si dans plusieurs pays, les mesures d’accompagnement ont été prises pour permettre aux populations victimes des effets collatéraux de vivre, d’autres pays ont fait dans un mimétisme édulcoré. En effet, dans ces pays, les mêmes mesures de restrictions ont été prises mais pas avec les mêmes mesures d’accompagnement. Au Gabon par exemple, plusieurs emplois ont été perdus sans une autre forme de procès. De même, les mesures sociales pour accompagner les populations ont été très infimes : gratuité de l’électricité et de l’eau pendant un mois pour une certaine catégorie, gratuité des médicaments pour les gabonais économiquement faibles pendant 6 mois, distribution sélective de quelques kits alimentaires pour une période d’un mois. Seule mesure qui tient jusque-là, le transport gratuit, lui aussi beaucoup perturbé par un parc automobile insuffisant. A bientôt un an de mesures restrictives, les solutions gouvernementales pour soulager les populations tardent toujours.
C’est dans un contexte qui a vu le couvre-feu revenir à 18h jusqu’à 5 heures du matin que quelques activistes ont suggéré un concert de casseroles pour fustiger les mesures de restrictions sans l’accompagnement étatique. Débuté le 17 février dernier à 20 heures pour durer 5 minutes, le concert a viré au cauchemar au second jour avec deux morts tirés par balles. Vendredi 19 février, une personne a reçu une balle à la tête, elle a été évacuée à Libreville par hélicoptère. Dimanche suivant, c’est une grenade qui a blessé grièvement quelques fidèles, toujours à Port-Gentil «Brandissant la pandémie, comme prétexte, les autorités de certains pays ont pris des mesures de sécurités sévères et des mesures d’urgence pour réprimer les voix dissonantes, abolir les libertés les plus fondamentales, faire taire les médias indépendants et entraver le travail des organisations non gouvernementales », a regretté le Secrétaire général de l’ONU.
Prévue pour durer un mois, la session actuelle du Conseil des droits de l’homme exceptionnellement organisée en ligne, crise sanitaire oblige, verra la participation de 130 Chefs d’Etat et de gouvernements. L’occasion sera certainement donnée aux autorités gabonaises de justifier le climat de terreur qui règne au Gabon depuis le bruit des casseroles.
Nelson Tchimbakala