Le Gabon, avec une couverture végétale de près de 85% et une population d’à peine 2 millions d’habitants, n’arrive toujours pas atteindre son autosuffisance alimentaire. Chaque année, ce sont souvent des sommes colossales qui sont dépensées par le gouvernement pour acheter des produits alimentaires dans des pays voisins et bien plus loin. Malgré de nombreuses initiatives, les politiques en matière d’autosuffisance alimentaire sonnent de plus en plus comme du bluff, tant les résultats n’ont jamais été aussi peu visibles.
Malgré la volonté affichée par le gouvernement, le Gabon n’est pas prêt de réduire ses importations alimentaires, et sa dépendance vis-à-vis de l’extérieure. Bien au contraire, celle-ci ne fait que s’accentuer. La preuve, selon les dernières statistiques de la Douane gabonaise, le pays a importé 322 milliards de FCFA de produits alimentaires en 2021. Un chiffre en hausse de 2% par rapport à l’année 2020 (216,5 milliards de FCFA), lui-même…en hausse de 4% par rapport à 2019 ! Une dépendance alimentaire toujours plus accrue, en dépit des initiatives gouvernementales censées freiner cette situation.
Quid du projet Graine ?
Depuis l’avènement du Président Ali Bongo Ondimba à la magistrature suprême, plusieurs initiatives ont été prises, en tête desquelles, le projet de la Gabonaise des réalisations agricoles et des initiatives des nationaux engagés (Graine), lequel apparaît au fil des ans comme un serpent de mer. Lancé en 2014, et fruit d’un partenariat entre le gouvernement gabonais et Olam international, le projet Graine bénéficiera pourtant d’un budget estimé à plus de 880 milliards de FCFA sur la période 2015-2025. Mais actuellement, ce programme agricole n’a jamais été aussi incompris par les observateurs, en plus d’être attendu sur son objectif ultime : atteindre l’autosuffisance alimentaire. L’incompréhension est si profonde que même la production locale d’huile de table d’Olam n’empêche pas la flambée de prix de cette denrée.
Que dire des produits agricoles du Cameroun dont le consommateur gabonais est toujours aussi dépendant ? Ou enfin, du « made in France » qui s’est encore accru dans nos étals, avec l’arrivée ces dernières semaines de deux des plus grandes enseignes de distribution de l’Hexagone que sont Intermarché (partenaire du groupe CKDO) et Carrefour (partenaire de Prix import). Ces importations ont un coût. Avec la pandémie de la Covid, certains gouvernements ont pris des mesures restrictives pour combattre cette pandémie, dont celle de la fermeture des frontières. Résultat, même au Cameroun voisin, le Gabon n’arrivait plus à importer les denrées alimentaires. Situation qui a entrainé l’inflation observée jusqu’alors.
Notre pays a pourtant les atouts pour produire ses propres vivres. Avec des terres arables d’une superficie d’environ 5 millions d’hectares, une pluviométrie accrue, un vaste réseau hydrographique offrant des opportunités d’irrigation et d’aquaculture, un domaine maritime qui occupe toute la côte ouest, et une faible population, il ne manque plus qu’une volonté politique pour faire bouger les lignes. Voilà des décennies qu’elle se fait attendre.
Les Gabonais osent espérer qu’à travers la mise en œuvre du plan d’accélération de la transformation (PAT) de son économie, le gouvernement multipliera les initiatives, notamment dans le secteur agricole, afin que les Gabonais puissent, dès 2025, davantage consommer ce qui est produit au Gabon. Ce qui est opportun pour amortir les éventuels chocs extérieurs, pour la balance commerciale et pour l’emploi.
LMA