En sollicitant l’armée pour le ramassage des ordures, le gouvernement étale encore au grand jour, son incapacité à trouver une solution idoine et durable dans la gestion des ordures ménagères. Donnant ainsi l’impression de faire dans le pilotage à vue. A défaut de mener une vraie réflexion sur la question, on continue de colmater les brèches. Pendant ce temps, les villes du pays perdent progressivement de leur éclat.
«Améliorer la gestion des ordures ménagères à Libreville nécessite la restructuration des quartiers sous intégrés avec un bon niveau viaire, une réelle décentralisation avec transfert des compétences et des moyens, une information et une éducation permanentes des populations », avait indiqué, dans la revue ‘’Villes en parallèle’’ parue en 2007, Pierre Claver Mvele, géographe au département géographie de l’université Omar Bongo, ancien maire adjoint de Libreville. Selon l’ancien élu de Libreville, «la gestion des ordures ménagères que les 700.000 habitants de Libreville produisent se heurtent aux dures réalités du milieu : 80% de la population vivent dans les quartiers spontanés et 56% des logements ne sont pas accessibles par des voies carrossables. Les maigres moyens logistiques dont dispose la société de valorisation des ordures du Gabon et la faible adhésion des populations concernées n’y peuvent grand-chose. La collecte ne touche que 38% des ménages», écrivait-il.
De 2007 à 2022, cela fait 15 ans. Mais la problématique est toujours d’actualité et avec beaucoup d’acuité. Puisque les chiffres donnés dans le diagnostic posé par le géographe-maire, ont certainement augmenté.
De Sovog, en passant par Averda, Clean Africa et ses différents partenaires, la situation va de mal en pis. Aucune de ses entreprises choisies par les différents gouvernements n’est sortie de l’éternelle situation palliative dans laquelle est engluée la gestion des ordures ménagères au Gabon.
Premier ministre à l’époque, Raymond Ndong Sima, face à la recrudescence des tas d’immondices à Libreville, avait convoqué, en avril 2012, le président directeur général de Sovog, Dominique Auroy, pour faire le point sur la situation de l’insalubrité dans la ville. Les mêmes difficultés ont été avancées par l’interlocuteur du Premier ministre : routes impraticables, entre autres. Au cours de cet entretien, l’idée d’un nouveau site aménagé qui permettrait de valoriser et d’éliminer définitivement les problèmes de production de déchets à Libreville, a été évoquée. Sans suite.
Et depuis le départ de M. Ndong Sima de la Primature, plusieurs Premiers ministres se sont succédé. Mais aucun de leurs gouvernements n’a trouvé une solution idoine et durable de la gestion des ordures ménagères. A la place, ce sont les magouilles liées à la gestion des ordures ménagères qui sont étalées sur la place publique et qui ont conduit certains responsables des collectivités locales derrière les barreaux. Mieux, l’Etat accuse Averda de lui devoir la rondelette somme de 23 milliards de nos francs. Le dossier est pendant dans un tribunal de Paris, le plaignant ayant porté plainte contre l’Etat gabonais.
En 2012, face à l’impuissance de Sovog, 70% du capital de l’entreprise avait été cédé à la caisse des dépôts et de consignation (CDC) pour un montant de 8,7 milliards FCFA pour créer Clean Africa. Et les administrateurs ont été désignés. Selon Jeune Afrique : une «résolution» de l’assemblée générale de Clean Africa «octroyait à titre personnel à ces administrateurs désignés, une indemnité de fonction mensuelle de 4 millions de Fcfa.»
Pendant ce temps, les ordures côtoient au quotidien les populations, avec tous les risques que cela peut causer, en termes de santé publique.
Nelson Tchimbakala