A en croire Emmanuel Macron, la France et l’Europe n’ont pas le choix. Face aux réalités du terrain qui leur sont très défavorables en Afrique, une nouvelle alliance entre l’Afrique et l’Europe s’impose.
«Je crois dans une nouvelle alliance entre l’Afrique et l’Europe…L’Europe du 21ème siècle ne peut pas se construire sans cette alliance, ce partenariat renouvelé avec son voisinage direct qui est le continent africain », a déclaré Emmanuel Macron, lors du sommet Afrique-Europe tenu à Bruxelles avec pour thème : «Investir ensemble pour une nouvelle alliance entre l’Afrique et l’Europe.»
Il est vrai que ces derniers temps, en Afrique, le sentiment anti français est grandissant. Conséquence d’une politique française en Afriquetrès décriée. Une grande opinion africaine pense que la France, du moins, l’Elysée et ses arcanes se servent du continent noir, en installant ses pions à la tête de plusieurs Etats africains, notamment de l’Afrique francophone. Ce sont ces obligés de Paris qui ouvrent grandement les portes aux richesses des sols et sous-sols africains en signant les accords qui sont aux antipodes des normes en la matière. Les seuls grands gagnants de ce deal étant, bien sûr la France, qui reverse quelques royalties aux palais présidentiels africains. Plusieurs multinationales françaises installées en Afrique, Total (ancien Elf), Areva, Bolloré, pour ne prendre que ces exemples, et leurs connexions sulfureuses avec certains chefs d’Etat africains, sont la parfaite illustration de cette exploitation abusive des richesses d’un continent riche, mais pauvre.
Cette situation a duré plus de 60 ans déjà, sans que la France ne s’adapte à l’air du temps. Mais la fougue de la nouvelle jeunesse africaine qui veut s’affranchir de ces pratiques esclavagistes a décidé d’ébranler l’establishment.
Le ton a été donné en Afrique de l’Ouest avec une série de coups d’Etat acclamés par une grande frange des populations qui estiment que les présidents chassés du pouvoir étaient de connivence avec la France. Au Mali, plus particulièrement, la France est devenue persona non grata. De bonnes affaires pour que la Russie s’installe militairement dans ce pays secoué depuis des lustres par des tueries, œuvre des djihadistes qui ont envahi le Sahel. La même Russie qui avait déjà pris du terrain en République centrafricaine.
En subissant l’effet boumerang de sa politique cynique en Afrique, la France accuse le coup. Elle appelle l’Europe à la rescousse pour tenter de sauver les meubles, en cherchant par tous les moyens, à reprendre quelques zones perdues et maintenir celles qui sont encore dans son escarcelle.
La récente rencontre de Bruxelles est cette bouée de sauvetage. Investir ensemble pour une nouvelle alliance entre l’Afrique et l’Europe ? On aurait pu dire, investir ensemble pour une nouvelle alliance entre l’Afrique et la France. Car c’est cette France qui a tant causé du tort au continent noir. Souvent même en décidant à la place du peuple pour choisir qui doit diriger tel pays.
«On n’a pas le choix. Nous allons bâtir ensemble cette nouvelle alliance entre l’Afrique et l’Europe », a conclu Emmanuel Macron. Pourvu que cette alliance nouvelle tienne compte des aspirations de la jeunesse africaine qui n’entend plus se laisser faire. L’Afrique en a marre des alliances de dupes !
Jean-Yves Ntoutoume