Incroyable que cela puisse paraître ! Jamais et au grand jamais, le commun des Gabonais ne peut imaginer la somme dépensée chaque année par l’Etat aux nombreuses sociétés civiles immobilières (SCI). Tenez-vous bien : 22 milliards de FCFA. Oui ! 22 milliards, c’est le montant astronomique que l’Etat gabonais verse chaque année à ces SCI, dont la plupart des propriétés appartiennent à des responsables publics qui sont en même temps, bailleurs et clients. Les responsables ne semblent nullement inquiétés d’être sous le coup d’un délit d’initié.
Le pire dans cette révélation, c’est qu’elle émane de la chaine de télévision publique gabonaise. Si l’on en croit l’auteur de la révélation : « 22 milliards de FCFA, c’est surtout 17 milliards de FCFA en plus qu’initialement prévu pour cette question dans la loi des finances de l’Etat ». Une révélation qui ne souffre d’aucune contestation, puisqu’elle émane des canaux publics. Le prochain passage du ministre du Budget sur le plateau de « Face à vous » risque de faire des étincelles, si on veut bien aller au bout de la logique.
Incroyable, dans ces conditions de comprendre un tel état de fait. Vraiment, comment comprendre qu’après plus d’un demi-siècle de gestion d’une manne pétrolière qui a parfois flirté avec les 150 dollars le baril, sans compter le manganèse et le bois, pendant plusieurs années, l’Etat gabonais soit toujours un grand sans domicile fixe. Une honte ! Mais, cette situation est bien entretenue, puisqu’elle fait les affaires de nombreux affairistes dont la plupart sont des responsables publics. Dans des quartiers huppés de Libreville, à l’instar de “batterie 4”, Glass, Batterie IV, et Akanda, des nombreux immeubles réputés être la propriété des responsables publics en poste ou en prison abritent des administrations publiques. Des constructions sur mesure pour abriter des ministères, sans qu’aucun appel d’offre n’ait été publié. Comment l’Etat gabonais peut-il se retrouver locataire, d’où viennent les fonds qui permettent la construction de ces nombreux bâtiments qui montent comme des champignons ?
Autant de questions que ministre du Budget est appelé à répondre, en donnant les noms des propriétaires de toutes ces SCI qui s’enchérissent sur le dos du contribuable gabonais. A moins que cette révélation ne soit dirigée contre sa personne.
Il n’y a pas de vérité que le temps ne révèle.
Karl Dhorian