Scène inhabituelle dimanche 27 septembre dernier. La police a interpellé le chef de l’église Bethsaïda. L’archevêque Jean Baptiste Moulacka a été emmené au commissariat de police pour avoir été soupçonné de tenir un culte, alors que ce-jour-là, certes son église était ouverte, mais les 5 fidèles qui y étaient désinfectaient le lieu de cultes. Mais faisant partie des responsables des églises charismatiques et du réveil qui avaient décidé d’une ouverture de leurs églises sans autorisation des pouvoirs publics, les policiers avaient certainement cru à un acte de défiance des autorités pour justifier leur interpellation.
En effet, dans la batterie des mesures de restrictions prises par le gouvernement pour lutter contre la propagation du coronavirus au Gabon, la fermeture des lieux de cultes en fait partie. Mais cela fait un peu plus de six mois que ça dure. «Nous sommes victimes d’une injustice car l’Etat a ordonné la réouverture des marchés, des hôtels et restaurants mais reste sourd concernant les lieux de cultes», a fustigé l’homme de Dieu, après son interpellation de deux heures de temps. Au commissariat de police où Jean Baptiste Moulacka a été conduit, fidèles et autres responsables des églises avaient déjà envahi les lieux. «Les pasteurs ont commencé à lancer des appels à la mobilisation, le commissariat était déjà envahi. Je crois que cela a beaucoup pesé dans la décision des autorités », a confié M. Moulacka à nos confrères du quotidien en ligneGabonactu.
Au sein de l’opinion, le maintien des mesures de restrictions avec un couvre-feu de 20h à 6h du matin paraît incompréhensible au moment même où la tendance baissière de contamination du Covid-19 au Gabon se confirme depuis des semaines.
Face à la presse samedi dernier, le ministre de l’Intérieur et son collègue de la santé n’ont rien dit sur un allègement des mesures de restrictions alors que la loi relative à la catastrophe sanitaire de 45 jours entérinée par le parlement en mai dernier et prorogée en août dernier est quasiment expirée. Va-t-elle être reconduite avec moins d’une dizaine d’hospitalisations liées au covid-19 ? Si tel est le cas, l’hypothèse d’un agenda politique caché n’est pas à écarter.
Mais gare à une fronde sociale consécutive au musèlement des populations avec ces mesures de restrictions qui n’en finissent pas et qui ont déjà coûté, selon le PNUD, 104.000 emplois aux Gabonais. Presque abandonnées à elles-mêmes après quelques deux mois sur six de quelques mesures d’accompagnement, les populations ont aussi jusqu’à preuve du contraire- le droit de se battre pour leur survie. Mais elles ne peuvent y arriver avec toutes ces restrictions. Il faut alléger !