Avec un manganèse à haute teneur, et une exploitation très importante pour le groupe, le plan de redressement ‘’Resolution’’ de la multi nationale française place le Gabon au centre de sa stratégie. Tout comme il répond à l’exigence des autorités du pays qui souhaitent, d’ici 2029, une transformation locale des matières premières dont le manganèse exploité depuis longtemps par la société Eramet.
Le groupe français justifie aussi ce redressement par la baisse, depuis 2023, de 6% des cours de minerai de manganèse. Autre raison de motivation : obéir à la volonté des autorités gabonaises de renforcer la souveraineté du pays sur ses ressources minières. En effet, à partir de l’année 2029, l’exportation du manganèse brut sera interdite, décision des autorités du pays, pour ajouter une plus-value sur la matière et créer l’emploi pour la jeunesse du pays.
Ainsi, le 4 décembre dernier, Eramet a dévoilé ce plan de redressement qui vise à sécuriser la performance du groupe tout en s’adaptant aux nouvelles exigences du Gabon en matière de transformation locale et de valeur ajoutée industrielle. Baptisé ‘’ReSolution’’, ce plan est basé sur une vaste revue de performance site par site qui consiste à identifier des leviers concrets en matière de sécurité, de productivité, d’optimisation des coûts et d’efficacité commerciale.
Les actifs du manganèse du Gabon exploités par Eramet par l’intermédiaire de sa filiale locale Comilog place le pays dans une place stratégique. D’où la nécessité de revoir, en priorité, la capacité de transport du minerai, afin de permettre une augmentation des volumes par rapport à 2025 dont les performances ont été jugées insuffisantes. La nouvelle direction générale, sous le management de Paulo Castelleri, nommé le 26 mai 2025, se déploie donc à sortir l’entreprise de la zone de turbulences.
Ici, la modernisation du réseau ferroviaire de Setrag (société d’exploitation du Transgabonais), partenaire stratégique en matière de transport efficace du minerai, fait partie des priorités de ce redressement. Un projet soutenu par l’Etat gabonais, la France et l’Union européenne. Fin novembre, des échanges entre le président Brice Clotaire Oligui Nguema, les dirigeants d’Eramet et de la société d’exploitation du Transgabonais ont porté sur l’évolution de la participation de l’Etat et sur les nouveaux mécanismes de captation des revenus issus de l’exploitation du réseau ferroviaire.
Pour y parvenir, une convention du programme de modernisation et de sécurisation du Transgabonais a été signée en marge de la visite du président français Emmanuel Macron à Libreville du 23 au 24 novembre 2025. D’un coût global de 203 millions d’euros, ce programme est soutenu par l’AFD (agence française de développement) qui a accordé un prêt de 173 millions d’euros et l’Union européenne a consenti 30 millions d’euros, dans le cadre de la stratégie Global Gateway. Il s’agit de remettre à niveau des tronçons les plus critiques, de renforcer la super structure, d’améliorer les conditions de transport des passagers et de renforcer des capacités de l’Etat et de la Setrag.
A long terme, l’amélioration des conditions du marché mondial du manganèse, pour surmonter la baisse des prix observée depuis 2023 (une chute de 40% à 35% du chiffre d’affaires), ajoutées aux meilleures capacités logistiques permettront très certainement de contribuer aux objectifs définis dans le plan ‘’ReSolution’’.
Junior Akoma

