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SAEG : opacité et non-respect des procédures !

Un peu plus d’un an après sa création, la société d’agriculture et de l’élevage du Gabon (SAEG) semble connaître les mêmes tares qui ont plombé nombre de société d’état créées au Gabon. La SAEG mise en place pour que le Gabon retrouve sa souveraineté alimentaire, s’inscrit, par certaines pratiques, aux antipodes des exigences de la 5ème république.

Une cérémonie de passation de service organisée illico presto entre le nouveau président du conseil d’administration nommé en conseil des ministres du 4 décembre dernier et son prédécesseur, en l’absence de ce dernier. C’est la triste image qui a choqué l’assistance, le 22 décembre dernier au siège de l’entreprise située dans la commune d’Akanda.

Et comme si cela ne suffisait pas, quelques minutes plus tard, un conseil d’administration  s’est aussi vite tenu dans un bar de la même commune. Toute attitude qui étale au grand jour les manœuvres peu orthodoxes qui guident l’actuel management de la SAEG : opacité et absence de procédures, au point que le PCA viré exige du directeur général, Aubert Ndjila, des excuses publiques.

Les faits. Samedi 20 décembre dernier, un laconique message envoyé par le secrétaire général du ministère de l’Agriculture, Serge Okana, atterrit sur le téléphone portable du président du conseil d’administration sortant, Samson Ngomo Abessolo, l’informant de la tenue du conseil d’administration, le lundi 22 décembre 2025, suivie d’une passation de charges entre le nouveau PCA et l’ancien.

Mais Samson Ngomo Abessolo qui n’est pas né de la dernière pluie exige des préalables, afin que son successeur hérite des dossiers clairs, justes et transparents. Même ayant été débarqué, il refuse de transmettre des dossiers sulfureux à son successeur. Car, écrit-il dans sa ‘’note dernière aux membres du conseil d’administration’’, la gestion de la trésorerie de la SAEG manque de transparence. «Compte tenu de l’importance des investissements faits (Lekabi, moyens roulants hors ceux fournis par le ministre de tutelle), chacun est en droit de s’interroger sur le montant réel de ressources financières reçu de l’Etat par la SAEG», indique le célèbre banquier.

Il poursuit : «Depuis le 12 mai 2025, à notre connaissance, aucun commissaire aux apports n’a établi le transfert des actifs de Sotrader (ancêtre de la SAEG) à la SAEG, d’où l’impossibilité d’établir un bilan d’ouverture.» Et l’ancien PCA de s’interroger : «Les fonds reçus pour la Lekabi l’ont-ils été de la présidence ou du ministère ? A hauteur de combien ? Et logés sur quel compte ?» Un flou artistique existerait donc dans la gestion financière de la structure. Dès lors, on peut se demander pourquoi un PCA peut manquer d’informations sur la gestion d’une entreprise à laquelle il préside le conseil d’administration? Pour toute réponse aux interrogations du PCA, le DG Ndjila rétorquait : «PCA, vous ne savez pas comment j’ai été nommé…Je ne vous dis pas tout.»

Sur les terres agricoles M. Ngomo Abessolo précise que : «Ni les membres du conseil d’administration, ni le président de ce conseil ne comprennent jusqu’à aujourd’hui les difficultés techniques qu’il y aurait à transférer les terres agricoles en gestion à l’ADAG, à la SAEG, véhicule du gouvernement pour le développement de l’agriculture et la souveraineté alimentaire.»

Sur les ressources financières, l’ex PCA explique qu’il «apparait indispensable depuis au moins un an de doter la SAEG d’un organigramme qui la déleste  de l’actuelle ‘’armée mexicaine’’, la renforcer d’une organisation couvrant toutes nos provinces, avec un cadre supérieur, responsable de sites.»

Société d’agriculture et d’élevage du Gabon, la SAEG est une société d’état créée par ordonnance n°0013/PR/MAEP du 20 septembre 20244. Au regard du tableau peint par son tout premier président du conseil d’administration, tout porte à croire que sa gouvernance est incompatible avec la vision des nouvelles autorités qui prônent la transparence et la rigueur dans la gestion de la chose publique. A preuve, le PCA est viré alors que la SAEG lui doit un peu plus de huit mois de ses émoluments.

A cette allure, on est droit de s’interroger si réellement la SAEG contribuera véritablement à l’effectivité de la décision du gouvernement d’arrêter l’importation de poulets de chair, dès le 1er janvier 2027.

Melchior Ndabeyene

 

 

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