De tout temps, le terrain politique a toujours été cette arène où les coups sont donnés sans tenir compte de la morale. On est même tenté de dire que cet univers a sa morale qui est amorale. Mais en toute circonstance, sachons garder raison car il en va de la vie de milliers d’individus et de l’avenir du pays.
Aussi, comment peut-on demander au Président de la République d’annuler les élections législatives et locales récemment organisées dans notre pays sans faire preuve d’irresponsabilité ou sans verser dans un autoritarisme inacceptable en démocratie ?
Mieux, comment comparer la situation électorale d’août 2023 à celle de septembre 2025 qui sont très différentes sans qu’on ne verse dans une exagération déplorable quand en plus c’est fait par des individus qui ont séjourné au sommet de l’État pour la plupart ? Il est important de garder la mesure en toute circonstance, même en politique, lorsqu’on souhaite préserver une once de crédibilité encore accordée par bien de compatriotes lucides.
Tout d’abord, posons-nous les questions essentielles : (1) pour ces élections législatives et locales, combien de bureaux de vote pouvait-on énumérer ? Selon les sources officielles, plus de 2500. (2) Dans combien de bureaux a-t-on observé des errements et des manquements du passé ? C’est-à-dire des cas de fraudes ! Selon des sources officielles toujours, pas plus de 20 bureaux de vote.
Par conséquent, comment peut-on alors demander au Président de la République, qui en plus, au regard des dispositions légales en matière électorale dans notre pays, n’a pas cette compétence, d’annuler tout le processus électoral ? C’est bien la preuve que les démons du passé semblent traumatiser bien plus que les fraudeurs démasqués qui attentent leur sentence prévue par la loi.
Dans un pays qui se veut responsable, on ne peut s’appuyer sur le tohubohu des réseaux sociaux pour décider de l’avenir des Gabonais. Si on peut reconnaître l’esprit libre qui y est véhiculé, on devrait également accepter le caractère liberticide et démesuré des postures souvent engagées. Le spectacle peu valorisant qu’offrent nos acteurs politiques n’honore pas notre pays. On est vraiment loin des grandes envolées de Pierre Mamboundou Mamboundou, des tirades séduisantes de Simon Oyono Aba’a et des arguments percutants d’Agondjo Okawe.
Un responsable politique ou un acteur de la scène publique doit toujours avoir de la retenue.
Il revient au Président de la République de garder la tête froide et de ne pas s’investir dans un chantier mortifère pour la démocratie et la félicité tant recherchées. Il est évident que l’une des conséquences à tirer de cette situation politique incandescente est qu’il devra prendre acte de l’incapacité de « ses prétendus soldats » à le défendre correctement et publiquement lorsqu’il est acculé par des contradicteurs au verbe tranchant et blessant.
Comparer la situation électorale d’août 2023 où le Gabon était aux bords de l’explosion sociale, pour ne pas dire à la porte du chaos, aux élections législatives et locales de septembre 2025, où des manquements observés et condamnables selon les dispositions légales en vigueur, cache mal les vraies raisons de ces appels à annuler tout un processus électoral, ô combien perfectible.
Autrement dit, en août 2023, rien qu’à l’idée de savoir que se sera encore le tandem Sylvia Bongo et son fils Noureddine, accompagné de leurs affidés, arrogants et incompétents, qui allait une fois de trop, s’imposer à la tête de l’État et de nos finances publiques, en toute illégitimité, était largement suffisant pour choisir entre l’exil et la guérilla. En septembre 2025, de tels projets désespérants, il n’en n’est rien. Pourquoi alors vouloir les comparer si ce n’est pour alimenter un débat stérile et puéril ?
Toutefois, il est à déplorer que les chantres de la démocratie à la régulière d’hier, ceux des bords de la Seine ou des regroupements opportunistes et de circonstances, de la société abusivement dite civile soient devenus les meilleurs pratiquants des méthodes qu’ils ont décrié jadis. Hier c’était le ridicule des marches de soutien injustifiées et des louanges tout azimut au nouveau Président de la République. Aujourd’hui, c’est une tricherie plus que honteuse qu’ils ont opéré dans les bureaux de vote
C’est la preuve qu’ils n’ont jamais milité pour les principes mais pour leur positionnement au sommet de l’État ou dans les arcanes du pouvoir. Plus que jamais, perfides trompeurs, vous êtes démasqués et disqualifiés pour faire la morale aux dirigeants d’hier et aux militants du Parti Démocratique Gabonais. Vous êtes indignes de servir au sommet de l’État dans la République dite nouvelle.
Que les services de renseignements soient plus que jamais en alerte afin de faciliter l’épuration de la vermine politique qui pourrait entacher l’esprit de la cinquième République en construction. Que le Chef de l’État retienne que c’est quand les temps sont durs qu’on reconnait les purs et les durs.
Télesphore Obame Ngomo