Personnalité politique de premier plan et hiérarque fidèle du Parti démocratique gabonais (PDG), l’ancien locataire du « 2 Décembre » revient sur le devant de la scène au détour de son Éssai politique, objet de cet Entretien, paru aux Éditions Jets d’Encre en France. À lire…
Propos recueillis par :
JCK
Monsieur le Premier Ministre, vous demeurez membre éminent du Parti démocratique gabonais, alors que de nombreux « Camarades », y compris parmi les plus emblématiques, ont démissionné avec fracas depuis la chute de l’ancien Régime. Comment se porte, aujourd’hui, votre formation politique ?
Le PDG est une formation politique historique qui a traversé bien des épreuves. Ceux qui ont quitté le Parti l’ont fait pour des raisons qui leur appartiennent et je respecte leur choix. Aujourd’hui, notre responsabilité est de continuer à défendre notre projet politique et à travailler plus que jamais dans l’intérêt supérieur du Gabon. Le PDG reste debout, il se restructure et se reconstruit avec des hommes, des femmes et des jeunes qui croient encore profondément en son projet politique. Notre force, c’est de savoir reconnaitre nos erreurs et avoir la volonté et la détermination de les corriger. Je crois en la capacité du PDG de se réinventer.
Dans le contexte pré-électoral qui prévaut, vous avez publié un Essai politique au titre interpellatif : « Pour une Gouvernance Exemplaire et de Confiance ». Son contenu est tout un programme de gouvernement. Le PDG en fera-t-il sa boussole de campagne électorale ?
Cet essai politique est avant tout une contribution personnelle au débat public. J’y partage des idées et des propositions pour une gouvernance plus exemplaire et plus proche des citoyens. Je m’adresse à tous nos compatriotes qui ont la responsabilité de réinventer l’avenir du Gabon. Si certaines propositions nourrissent cette campagne électorale, j’en serai honoré et j’aurais donc ainsi apporté ma contribution appréciable.
« Savoir prendre des responsabilités et faire face aux contradictions ». Vous le dites tel quel dans cet Essai. Ayant été aux responsabilités publiques, précisément comme Premier ministre, Chef du gouvernement et président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), est-ce-que vous entendez ces critiques contre le PDG sur la mise en œuvre effective de la politique de la décentralisation, longtemps évoquée, mais jamais concrétisée auparavant ?
Oui, nous comprenons ces critiques légitimes. La Décentralisation est un chantier complexe qui n’a pas encore donné tous les résultats attendus à ce jour. Cependant, je note avec satisfaction que c’est une des priorités du président de la République, M. Brice Clotaire Oligui Nguéma et de son Gouvernement qui veulent aujourd’hui accélérer et concrétiser cette politique indispensable pour rapprocher l’action publique des citoyens. Nous soutenons naturellement cette approche.
En tant qu’acteur et observateur de la vie politique nationale, quel est pour vous, au fond, l’enjeu des élections législatives et locales qui se profilent à l’horizon ?
Pour moi, pour nous, l’enjeu de ces élections repose sur la participation citoyenne. Voter c’est exercer un droit, mais également une grande responsabilité. Il ne s’agit pas seulement d’élire des députés ou des membres des Conseils locaux, puis des sénateurs. C’est bien plus que cela. Il s’agit pour la nation d’opérer un choix crucial de gouvernance et en faveur d’un projet politique pour ce septennat.
En matière économique, vous plaidez énergiquement en faveur d’une gouvernance économique responsable et inclusive. Est-ce une critique en règle contre la gouvernance économique passée, ou une mise en perspective d’une vision nouvelle ?
Ce n’est pas une critique, c’est davantage un appel à aller plus loin. Notre économie doit se transformer en profondeur et être plus diversifiée. Quand je parle de gouvernance de façon inclusive, c’est pour dire que nous devons mieux gérer nos ressources. Mais aussi veiller à ce que la croissance profite dorénavant à l’ensemble des gabonais.
Enfin, vous êtes d’avis que la mauvaise gouvernance a freiné le développement du pays et a engendré des inégalités infrastructurelles et sociales entre les régions. Que préconisez-vous ?
La qualité de la gouvernance et le développement socio-économique d’un pays vont de pair. Aucun programme de développement, si bien pensé soit-il n’est réalisable sans une gouvernance efficiente fondée sur des résultats. Pour moi, l’équité territoriale doit devenir une règle d’action publique. Rompre avec les dérives du passé, c’est la seule condition pour bâtir notre avenir commun