La question foncière est essentielle pour le progrès économique et la sécurité alimentaire du pays. Lors du Forum national de concertation sur l’interdiction des importations de poulets, qui s’est tenu à Libreville les 25 et 26 août 2025, les participants ont souligné les avancées et les obstacles liés à l’accès à la terre agricole.
Par Pierre Mouchard
Actuellement, le Gabon dispose de 324 860 hectares dédiés à l’agriculture, mais cette superficie est insuffisante pour répondre aux ambitions du pays. En outre, la situation est aggravée par une forte insécurité foncière, avec près de 87 % des terres non sécurisées. Environ 43 000 hectares seulement sont couverts par des titres fonciers, ce qui limite considérablement les investissements et la productivité dans le secteur. Ces terres sont gérées par le ministère de l’Agriculture, de l’Élevage et du Développement rural, et se concentrent principalement dans cinq zones agricoles à fort potentiel.
Il s’agit des sites d’Andem, de Kango, de Bifoun-Abanda, d’Idemba et de Kounkou. Pour dynamiser la filière avicole, en particulier la production de poulets de chair, le Gabon doit mobiliser environ 71 000 hectares de terres agricoles supplémentaires. La disponibilité de ces terres dépend de divers mécanismes légaux, tels que des ordonnances présidentielles, les décisions de la Commission nationale d’affectation des terres (CNAT) et les interventions de l’Agence de développement agricole du Gabon (Adag). Ces procédures, régies par les arrêtés du 2 février 2021, établissent les critères et la méthode d’attribution, visant principalement les exploitants individuels, les coopératives, les petites et moyennes entreprises agricoles, ainsi que les agro-industries.
Cependant, lors de ce forum, plusieurs obstacles ont été identifiés, entravant l’optimisation du foncier agricole au Gabon. Les experts ont notamment souligné l’absence d’une cartographie complète et actualisée du foncier agricole, ce qui complique la planification efficace et transparente. De plus, un manque significatif de données hydrologiques et météorologiques, essentielles pour une gestion durable des terres et de l’eau, a été noté. Les chevauchements réglementaires entre différentes administrations compliquent également la coordination des actions, pouvant entraîner des conflits d’usage et des retards dans l’attribution des terres.
En somme, la sécurisation et la gestion optimale du foncier agricole sont cruciales pour le succès de la politique de substitution des importations de poulet par une production locale renforcée au Gabon. Le forum national de concertation met donc en exergue ces enjeux et appelle à une refonte urgente des outils de gouvernance foncière, ainsi qu’à une meilleure collaboration institutionnelle.