Pourtant, depuis 2011, la compagnie industrielle des mines de Hangzhou (CICMHZ) a démarré ses activités au Gabon, plus précisément à M’bembélé, dans le centre du pays. En 2023, l’entreprise prévoyait atteindre une production de 1,2 tonnes par an. D’autres entreprises asiatiques, à l’instar de NGM (Nouvelle Gabon Minig), filiale du groupe indien Coalsale Group a acquis les droits de BHP Billiton, avant de signer un accord pour le gisement d’Okondja, avec une production potentielle estimée à 2 millions de tonnes par an. Depuis la décision des nouvelles autorités du pays à transformer le manganèse localement, seule Eramet s’est conformée à cette nouvelle donne.
Le 17 juillet dernier, le président Brice Clotaire Oligui Nguema a reçu en audience M. Paulo Castellari, le directeur général du group Eramet. Le patron du groupe français spécialisé dans l’exploitation du manganèse au Gabon est venu affirmer l’engagement d’Eramet à accompagner activement l’ambition nationale de transformer localement le minerai. A cette occasion, de grandes décisions ont été prises par l’entreprise française. Entre autres : la transformation de 2 millions de tonnes en alliage pour 16000 emplois directs et indirects ; la comptabilité d’Eramet sera désormais basée au Gabon ; la commercialisation du manganèse se fera au Gabon; les postes de DG Comilog, RH, DG Setrag reviennent au Gabon ; les ventes du minerai doivent être versées sur un compte gabonais (domiciliation des comptes) ; la construction d’un nouveau siège au Gabon…Unee avancée très significative qui vient s’ajouter au respect traditionnel d’Eramet de respecter le code du travail gabonais et autres lois du pays.
Quid des entreprises étrangères qui exploitent aussi le manganèse au Gabon, quant à la décision des autorités de transformer ce minerai localement? Jusqu’à présent, du côté des entreprises chinoises et indiennes qui excellent aussi dans ce domaine, c’est silence radio. Une attitude qui n’étonne personne, surtout pas ceux qui connaissent les manœuvres de ces entités qui ont pris l’habitude de fonctionner à rebours des lois du pays. En effet, ces sociétés, depuis qu’elles sont au Gabon n’obéissent à une aucune règle ou disposition légale de leur champ de travail. Les recrutements se font sans base légale, conséquence : les contrats de travail ne sont pas respectés. Pas de respect des règlementations environnementales.
Pourtant, sur le terrain des minerais du Gabon, la Chine continue son implantation à grande échelle. En septembre 2024, lors du 2ème forum économique Gabon-Chine tenu à Beijing, l’Etat gabonais a signé trois mémorandums d’entente avec des investisseurs chinois, pour un montant total de 410 millions de dollars soit environ 242,7 milliards de FCFA. Le protocole d’accord a été signé avec Zhongning Mining Company Limited pour l’exploration et l’exploitation du minerai de fer du Mont Mbilan. Un autre accord a été signé avec Shangaï Milestone Technology pour l’exploration et l’exploitation de ressources minérales inexploitées (fer et manganèse). Début juillet, une délégation chinoise des groupes SOHO et Xuzhou Coal Mining, a été reçue par le ministre des mines et des ressources géologiques, Gilles Nembe. Les entreprises chinoises sont venues s’imprégner du secteur minier gabonais, notamment le manganèse, le fer et le niobium.
Au moment où l’heure est désormais à la transparence des industries extractives et de leur transformation sur le plan local, le fonctionnement des entreprises asiatiques doit se faire dans le strict respect des lois gabonaises.
Junior Akoma