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Les ‘’Placements’’ : une prostitution numérique organisée

Qu’est-ce qu’un placement au Gabon ? Ce mot devenu courant, se cache un marché de la prostitution numérique organisé, tarifé, et désormais banalisé qui cible directement les jeunes filles gabonaises.

Le phénomène gagne du terrain à Libreville ainsi que dans les plus grandes agglomérations du pays. Ce qui n’était autrefois qu’un secret honteux est aujourd’hui devenu un système bien huilé. Des groupes fermés sur WhatsApp, Facebook ou Telegram proposent des “services” à la carte : choix de jeunes filles via un catalogue, grille tarifaire transparente, lieux de rendez-vous désignés, motels ou domiciles, et consignes logistiques. Derrière des pseudos, des administrateurs orchestrent un réseau numérique d’exploitation sexuelle à ciel ouvert, au vu et au su de tous, dans une indifférence presque générale. Pour un ancien des anciens, cette phase de la prostitution était murmurée sous cape : « Ce mot qu’on chuchotait hier est devenu un business. Le placement est désormais institutionnalisé sur nos réseaux », alerte un vieux de la vieille. L’homme dénonce une prostitution en ligne qui ne dit pas son nom, mais qui s’installe durablement dans les habitudes numériques de la jeunesse.

Et pour cause : “placement” est le mot-clé qui dissimule un avec ses clients réguliers, ses horaires fixes et ses profils calibrés. Les jeunes filles y sont réduites à des “produits”, parfois mineures, vendues à la nuit, au week-end, au forfait.

Devant cette situation désastreuse, ‘’La Préfecture du rire’’, un producteur de contenus satiriques, s’insurge contre cette pratique avilissante. Dans sa publication, le collectif ne se contente pas de dénoncer. Il s’adresse d’abord aux jeunes filles. « On vous a menti. Ton corps n’est pas un business model. Tu as le droit de rêver plus grand que des billets froissés sous un drap sale », a-t-il martelé. Puis, il interpelle frontalement les familles. « Vous applaudissez le luxe, mais refusez d’en questionner l’origine. Vous fabriquez des silences qui tuent », précise–t-il.

Mais c’est surtout vers l’État que le cri d’alarme est lancé : où sont les régulateurs du numérique ? Les brigades de cybercriminalité pourtant prévues par la loi ? Les campagnes de prévention à l’initiative des directions générales de la famille ou de l’éducation populaire ? Aujourd’hui, les prédateurs opèrent à portée de smartphone. Et les victimes, souvent livrées elles-mêmes, se taisent.

Le phénomène mérite plus qu’un débat. Car derrière chaque “placement” se cache une fille, souvent précarisée, mère ou orpheline,  qu’on abandonne à elle-même.

 

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