Une conception exclusivement gabonaise de notre économie. C’est en substance ce qui ressort de l’interview accordée par le nouveau ministre de l’économie, des finances de la dette, en charge de la vie chère, Henry Claude Oyima, à TV5 Monde. Désormais, priorité est donnée à un programme purement gabonais. Plus de dictat des institutions de Bretton Woods dont les 17 précédents programmes avec le Gabon n’ont pas apporté la croissance et le développement souhaités par les Gabonais.
Junior Akoma
Sur le plateau de TV5 Monde, ce 26 mai, Henry Claude Oyima est resté droit dans ses bottes : «Diminuer la dette n’est pas un objectif pour nous. Le Gabon a besoin d’avoir un programme de croissance et de développement», a-t-il répondu à son intervieweuse sur la question de la dette gabonaise estimée aujourd’hui à un taux de 80% contre 63% en 2022. Pour le ministre de l’économie et des finances, «l’objectif pour nous aujourd’hui, c’est de faire en sorte que tout ce que le président de la république a promis aux Gabonais se réalise. C’est-à-dire, rendre au Gabonais sa dignité et rendre au Gabon sa souveraineté ; sa souveraineté énergétique, sa souveraineté budgétaire, sa souveraineté économique et sa souveraineté alimentaire.»
Le membre du gouvernement estime qu’il est important de faire d’abord : «un état des lieux du Gabon» qui permettra de «savoir exactement aujourd’hui » le niveau réel de recettes et celui des dépenses. Au niveau des recettes : «nous allons d’abord procéder au toilettage de notre fichier », de sorte que ce qui est prévu dans la loi de finances soit reversé au Trésor», a-t-il indiqué. Sur les dépenses : «regarder…les dépenses dites essentielles, importantes et accessoires. Lorsque tout ce travail sera fait, nous saurons exactement le niveau de l’endettement de notre pays aujourd’hui.»
Une autre piste est de faire le «rebasage de notre produit intérieur brut et tous ces éléments en termes de ressources naturelles», puisque le Gabon n’a pas que le pétrole : «Le Gabon a dans son sous-sol, les minerais. Le Gabon a le bois. Nous devons nous assurer aujourd’hui que tous ces éléments sont intégrés dans le calcul de notre produit intérieur brut. Et lorsque nous aurons terminé ce travail là, avec les organisations financières internationales, nous reprendrons langue pour voir comment structurer tous ces éléments pour que nous puissions arriver à cette croissance tant attendue par les Gabonais», a poursuivi qui va quitter, dans les prochaines semaines, la tête de la BGFI Bank.
Aussi, l’une des priorités du gouvernement de la république est de réduire l’inflation estimé à 1,5% au lieu de 4, comme l’a supposé la consœur de TV5 Monde. Une inflation «importée» face à laquelle des «solutions adéquates» doivent être apportées. Avec la mise en place, dans un premier temps, de «deux centrales d’achat qui nous permettrons de nous rassurer qu’il n’y a pas d’exagération au niveau des marges des entreprise.» Sur le même chapitre, «nous avons aujourd’hui un programme au niveau agricole.» ce programme, selon le ministre, fera en sorte que : «nous puissions consommer ce que nous produisons.»
A la question de savoir si toutes ces bonnes intentions ne seront pas confrontées aux exigences du fonds monétaire international avec sa cure d’austérité et des règles anti sociales que l’institution de Bretton Woods impose souvent à notre pays, Henry Claude Oyima a indiqué que : «Le Gabon a aujourd’hui 17 programmes avec le FMI. Ces programmes n’ont pas crée la croissance, ni le développement souhaités par les Gabonais.» Pour éviter de faire la même chose en s’attendant au résultat différent, le banquier de formation veut changer la donne : «Nous pensons qu’il est temps pour que le programme que nous allons désormais mettre en place soit un programme conçu, élaboré par les Gabonais.» A cet effet, le ministre a annoncé, la tenue, dans les prochains jours, d’un forum économique : «pour faire en sorte que la réflexion de notre programme soit une réflexion interne. Lorsque nous aurons bâti ce programme, nous allons nous tourner vers les finances extérieures.»
Le Gabon, selon le ministre d’Etat Henry Claude Oyima, a beaucoup de niches, beaucoup de choses que nous devrions faire entre nous-mêmes en interne avant de solliciter l’extérieur.»
Vraisemblablement, c’est une nouvelle page et une nouvelle ambition du Gabon nouveau qui commencent à s’écrire. Il suffit pour cela d’être pragmatique. Car, ce programme pourra, non seulement stabiliser les finances du pays, mais aussi transformer l’économie gabonaise souvent endossée sur la rente.