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Prolifération des églises « éveillées » au Gabon : Entre foi et escroquerie organisée, les avis sont partagés

La croissance fulgurante des églises dites de Réveil au Gabon depuis les années 2000 a entraîné un lot de phénomènes sociétaux. Entre cultes charismatiques, guérisons supposées miraculeuses, prophéties et manipulation psychologique saupoudrées d’exploitation financière, les avis sont désormais partagés.

Par Sydney Nkwele

La question des églises dites de « réveil » n’a pas fini de faire couler encre et salive. Entre témoignages de conversion, dénonciations de dérives et résistance aux traditions africaines, les Églises de réveil au Gabon, comme dans nombre de pays africains, divisent.

Il y’a d’une part, ceux-là qui, après une guérison supposée miraculeuse ou prophétique, se place en fervent défenseurs de ces lieux de cultes qui pullulent un peu partout dans le pays, à l’instar de Joséphine Mbomba Avounanga, ancienne membre de l’Alliance Chrétienne, ayant basculé dans le mouvement des Eglises de réveil après une guérison qu’elle a qualifié de «miraculeuse ». « J’étais partie à l’église et il s’est passé quelque chose d’étrange dans ma vie. J’ai été touchée et depuis lors, j’ai complètement donné ma vie au Seigneur. Dieu a dit que ‘je m’en vais, mais je ne vous laisse pas seuls’. Il a donc laissé les hommes pour continuer son œuvre. Depuis, j’accompagne d’autres fidèles vers la délivrance», a-t-elle témoigné.

Dans ce lot de « nés de nouveau » nombreux sont ceux-là qui reconnaissent les pratiques déviantes auxquelles s’adonnent certains ‘’ Hommes de Dieu’’, profitant du désespoir des croyants sans toutefois les généraliser, comme l’indique Cruz Nkoulou, un «né de nouveau», «on voit des pasteurs vendre des ‘ ‘huiles saintes’’, promettre des guérisons en contrepartie de dons ou organiser des ‘’séances de délivrance’’ payantes. Mais attention, il ne faut pas généraliser, il y a aussi des Hommes de Dieu sincères qui aident les gens sans faire de publicité».

D’autre part, nous avons une autre frange de la population qui tire à boulets rouges sur ces églises « éveillées » au nom du réveil des traditions africaines, mais surtout à cause des dérives observées dans ces lieux de cultes. Le cas de Bienvenu Nziengui Ntoutoume, alias Chocolat des filles, qui s’est engagé dans une croisade contre les dérives qu’il a lui-même observées, «ce qui se fait dans les Églises n’est pas bon. On ne peut pas diaboliser les cultures et les traditions. On ne peut pas amener les peuples à adorer les choses dont on ne connaît pas l’origine» estime le jeune activiste. Dans ses contenus, érigé en défenseur des traditions africaines, le Chocolat des jeunes filles appelle les Africains en général et les Gabonais en particulier,  à se réveiller face à ce qu’il considère comme une exploitation de la misère des peuples.

Si la pratique de la liberté de la religion est prévue par la loi gabonaise, il n’en demeure pas moins que l’absence de régulation stricte permet à certaines Églises d’opérer en toute impunité. Pour l’heure, les avis demeurent partagés sur la question.

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