Il y a dix ans, nul n’aurait osé prédire que le Général Brice Clotaire Oligui Nguema deviendrait un jour Président de la République gabonaise. À une époque où le paysage politique gabonais semblait figé, dominé par des figures emblématiques issues du sérail et des héritiers naturels de la dynastie Bongo, l’hypothèse de voir ce haut gradé de l’armée accéder au sommet de l’État aurait semblé aussi improbable que fantaisiste.
Par Louis- Paul MODOSS…
Même un observateur peu avisé de la politique gabonaise n’aurait misé 100 francs CFA sur une telle issue. Et pourtant, le destin a pris tout le monde de court. Brice Clotaire Oligui Nguema, longtemps dans l’ombre, ancien proche du système

Bongo, est devenu l’incarnation du renouveau politique du Gabon.
L’inattendu renversement de la tendance
La surprise fut d’autant plus grande qu’il s’est imposé dans un contexte de lassitude populaire, de soif de changement, mais aussi de discrédit progressif de l’élite politique traditionnelle. Alors que beaucoup attendaient un successeur parmi les noms déjà bien établis dans la sphère politique nationale, c’est un officier supérieur au parcours discret, mais solide, qui a émergé comme une réponse aux aspirations profondes du peuple gabonais.
En renversant le régime d’Ali Bongo en août 2023 à la suite d’une élection contestée, il a déclenché un véritable séisme politique, redonnant espoir à une nation longtemps engluée dans les incertitudes de l’après-Bongo. L’histoire retiendra ce moment comme un point de bascule. Brice Clotaire Oligui Nguema est alors passé de l’ombre à la lumière, de gardien du palais à bâtisseur d’une nouvelle République.
Un destin présidentiel écrit dans la discrétion
Ceux qui l’ont observé de près affirment qu’il a toujours eu une vision, mais qu’il a choisi la patience et la stratégie silencieuse plutôt que la quête effrénée du pouvoir. En cela, il s’inscrit à contre-courant d’une classe politique souvent marquée par le bruit, la précipitation et les ambitions affichées. Sa méthode rappelle celle des grands stratèges militaires : observer, comprendre, frapper au moment juste.
Aujourd’hui, avec 90,35 % des suffrages exprimés lors de la présidentielle du 12 avril 2025, le peuple gabonais a massivement validé son projet et sa personne. Un score digne des révolutions populaires, que certains qualifieront de « soviétique », mais qui témoigne avant tout d’un plébiscite exceptionnel dans l’histoire contemporaine du pays.
Un héritage paradoxalement lié à Omar Bongo
Peut-on imaginer ce que feu Omar Bongo Ondimba aurait pensé d’un tel retournement ? Lui qui, par ses choix stratégiques, a façonné une grande partie du paysage politique actuel, aurait-il seulement envisagé qu’un jour, l’un de ses gardes rapprochés, formé à l’école du pouvoir mais resté dans l’ombre, devienne l’homme qui tournerait la page de son héritage politique ?
Il y a ici une forme d’ironie historique, mais aussi une justice symbolique : le changement est souvent porté par ceux que l’on n’attend pas.
Le symbole d’une nouvelle ère
Aujourd’hui, Brice Clotaire Oligui Nguema est plus qu’un président. Il est devenu le symbole d’une rupture avec le passé, l’illustration vivante que les prévisions politiques ne tiennent parfois pas face aux imprévus de l’Histoire. Il nous rappelle que les grands bouleversements viennent souvent des angles morts de l’analyse, et que les hommes providentiels ne sont pas toujours ceux que l’on voit venir.
Sa trajectoire doit inspirer la jeunesse gabonaise : le mérite, la discipline et la fidélité à une vision peuvent mener à l’extraordinaire.
…Analyste économique et politique