A cœur ouvert, Joe-Fred Madouta, nous donne ses impressions sur la gestion actuelle de la mairie de Libreville dirigée par une délégation spéciale que conduit le général Jude Ibrahim Rapontchombo. Leader syndical, il déplore dans cet entretien exclusif, le retard pris sur la réalisation de la grille indiciaire. Tout comme, il regrette les dernières nominations effectuées par la tutelle municipale. Ici, l’intégralité de cet entretien.
Pyramidmediasgabon : Mr le président, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Joe-Fred Madouta: Je suis Joe Fred Madouta, agent municipal de la Mairie de Libreville. Je suis par ailleurs, le président du Syndicat libre des agents de la Mairie de Libreville, Sylaml.
Jeudi dernier vous avez tenu une conférence de presse où vous avez fait état d’un certain nombre de revendications, dont la grille indiciaire. Est-ce que vous pouvez éclairer nos lecteurs?
Vous savez en tant que syndicaliste, nous avons le devoir de transparence vis-à-vis de ceux-là que nous représentons. Il s’agissait pour nous d’édifier la lanterne des agents municipaux sur des questions principales, dont la mise en application de la grille indiciaire. Il faut dire que sous la mandature de Mme Mba Ntutume, les problèmes ont été posés, il s’agit des questions de droit. Vous savez que les questions de droit ne sont pas négociables. Nous avons signé un protocole d’accord, il avait été convenu que la grille soit mise en place en 2023. Sauf que quelque temps après, nous avons constaté
que les choses n’avaient pas évolué, comme nous l’avions souhaité. Alors, nous sommes rentrés en grève. De cette grève, la tutelle administrative qui est le ministère de l’Intérieur par l’entremise de madame le Gouverneur de la province de l’Estuaire, une médiation avait été entamée, et un protocole d’accord a été signé.
Effectivement ce n’était que la reprise de ce qui avait été contenu dans le protocole d’accord, parce que la tutelle administrative avait reconnu que c’était une question de droit et qu’il était question pour la tutelle que la grille indiciaire soit mise en place. Et qu’avec la tutelle, on avait convenu que cela se fasse en 2023. Avec le coup de libération, l’actuel édile de la commune de Libreville devrait s’occuper de ce dossier.
Il n’est pas au centre de la situation, mais vous savez que le principe de la continuité du service le délègue. Nous avons échangé avec lui, nous sommes allés en commission et on avait bien peur, parce que comme dit Napoléon, pour noyer un problème il faut des commissions. Nous sommes allés en commission avec le délégué spécial et nous avons convenu de la mise en place de cette grille indiciaire. Quoi d’anormal si le syndicat se lève pour dénoncer le statu-quo au moment où nous sommes en fin d’année. Nous rentrons bientôt dans l’année 2025.
Donc il était question pour nous d’attirer l’attention du Délégué Spécial, pour qu’il n’y ait pas soubresaut en 2025, parce que les mêmes maux peuvent entraîner au blocage des activités municipales. Or, en 2025 on sera en année électorale. Nous avons un dénominateur commun, c’est celui de servir le président de la République. Autant, il sert le Président de la République, autant nous avons décidé d’accompagner cette transition. Il faudrait que la transition soit apaisée. Donc personne n’est contre le DS, nous ne sommes pas les contrôleurs du Délégué Spécial.
Malheureusement, lorsque les problèmes sont posés au lieu de les régler à la base, on cherche à payer les médias pour venir créer la zizanie, pour chercher à démobiliser. Les agents municipaux ne sont pas dupes, ils connaissent qui est Madouta, ils savent que je ne suis pas rentré en yoyo à la mairie de Libreville. Donc j’ai quand même de l’expérience et tout le monde le sait, les gens ont travaillé avec Madouta en commission, les gens savent qui je suis sur le plan intellectuel. Donc à ce niveau je ne veux pas rentrer dans des débats qui n’ont pas de sens.
J’ai lu dans un certain média que je suis arrivé à la mairie, je voudrais bénéficier de certains avantages que je ne mérite pas. C’est de la diffamation et si j’étais contre la liberté de la presse je pouvais poursuivre les auteurs de ces propos. Je n’ai jamais bénéficié des avancements sous Léandre Zue, je n’ai jamais été proche de lui. Sous Mba Ntutume, nous avons été en négociation, elle a géré la mairie, elle a subi les grèves, la pression de Madouta. Je ne peux pas avoir reçu un avancement sous Mba Ntutume, donc ce ne sont que des propos diffamatoires. Mais je déplore l’attitude de ceux qui entourent le Délégué Spécial. Qui, lorsque certains problèmes sont posés, ils cherchent à faire du dînatoire, au lieu de chercher à trouver des solutions.
On constate qu’il y’a un climat délétère qui existe désormais entre les syndicats de la mairie. Qu’est ce qui se passe ? A-t-on choisi de diviser les syndicats pour mieux régner ?
Oui la zizanie est créée, il faut le dire, par les proches collaborateurs du Délégué spécial. J’ai beaucoup d’estime pour ce monsieur parce que lorsqu’il est arrivé, les premières personnes qu’il avait reçues étaient les leaders syndicaux. Malheureusement, il y’a eu un déphasage. Vous ne pouvez pas concevoir que lorsque le Délégué spécial est arrivé, il était question de procéder au dégraissage pour permettre la mise en place de la grille indiciaire.
Nous avons fait des propositions, ces propositions viennent de Madouta. J’ai proposé comment faire pour arriver à la mise en place de la grille indiciaire. Il fallait procéder au dégraissage de la pléthore de Conseillers, chargés d’études. Il y avait plus de 182 conseillers et chargés d’études. Le Délégué spécial nous a écouté et il a mis fin à la fonction de tous les conseillers et chargés d’études, c’était là déjà un signal fort. Il était question de nommer puisque nous avons demandé le départ des fonctionnaires parce que ces gens obéraient les finances municipales.
De ces finances, il devait avoir un retour assez conséquent pour que la grille se mette en place parce qu’ils étaient 115 venus de l’extérieur et ils étaient en indemnités spéciales, ce qui qui obéraient nos finances. Avec un retour de plus de 3 milliards, est-ce que ce n’est pas un pas vers la réalisation de la grille indiciaire? Oui il était question de nommer aux postes vacants, des agents municipaux.
Nous nous sommes assis avec son actuel directeur de cabinet, parce qu’il faut le dire, je ne veux pas le nier ici, j’ai participé à la nomination des hauts cadres de notre institution, mais nous avons été surpris. Et là encore, nous avons des textes qui disent que lorsque quelqu’un est démis de ses fonctions, il reste quatre mois en solde, ce qui voudrait dire qu’on était pas pressé de nommer les conseillers et chargés d’études, parce que ces personnes-là qui devraient être nommées devaient bénéficier encore de quatre mois de solde, et nos finances, on est passé à un milliard pendant plus de quatre mois sur la masse salariale.
Et là, ce n’était pas très intelligent pour ceux qui avaient estimé qu’il fallait en même temps nommer les directeurs généraux en même temps que les conseillers chargés d’études. Les fonctions de conseillers chargés d’études, ce sont des fonctions d’appui. Nous avons l’organigramme, il fallait tout simplement d’abord nommer ceux-là qui sont supportés par les finances, donc les chefs de service, les directeurs généraux et les secrétaires généraux. Et à partir de ce moment, quatre mois après, on procédait à la nomination des conseillers chargés d’études. Et là encore, nous avons l’arrêté 28.1 qui organise nos services. A partir de ce moment, il était question et comme il s’agit également de la restauration des institutions, d’attaquer la refonte de nos textes, parce que les textes sont caducs, il faut les adapter avec la loi 1/2005 au plan stratégique de la Fonction publique.
Parce que l’arrêté 240 qui fixe les conditions générales est caduc, il y’a des choses qu’il faut revoir à l’intérieur pour l’adapter à la loi 1/2005. Parce qu’on dit que le Secrétaire général est assisté des conseillers, c’est indéfini. Donc, il peut même nommer cent conseillers. Aujourd’hui, je crois qu’il y’a une quarantaine et je pense que ce n’est pas du tout normal. Est-ce qu’il y a une volonté de vouloir mettre en place la grille indiciaire ? Et c’est une façon de vouloir mettre le personnel dos à dos avec Madouta, parce que je vais dans le sens que tout un chacun gagne quelque chose. Or, tel que les choses sont faites, ceux qui occupent les fonctions, ce sont les agents municipaux qui sont d’ailleurs avec moi.
Donc si je me lève aujourd’hui, il voudrait que ces gens se retournent contre moi. Comme la chose est posée ainsi, aux agents eux-mêmes de comprendre si je suis là pour vouloir faire du mal. Je dis simplement que le Délégué Spécial n’est pas bien entouré. Et là, il a été induit en erreur en voulant nommer plusieurs personnes. C’est une façon de les mettre à dos contre moi, si jamais je dénonçais encore ces conseillers chargés d’études. Mais c’est le lieu pour moi d’interpeller la tutelle administrative, de regarder la situation du maire de Libreville, parce qu’aujourd’hui il y a 19 conseillers, les directeurs généraux sont assistés de 19 conseillers. Si vous multipliez 19 fois 8, allez y savoir combien de directeurs nous avons.
Le Président de la République a regardé la situation de la SEEG, mais la situation de la mairie de Libreville est catastrophique. Nous avons un budget, la nomenclature du budget n’est pas respectée. C’est 60% pour le fonctionnement et 40% pour l’investissement. Le maire même si, il n’est pas élu aujourd’hui, il a été nommé, quand il vient, il doit penser au développement, est-ce qu’on peut penser au développement quand la masse salariale absorbe le budget de la mairie de Libreville ? Cela n’a aucun sens. Donc nous déplorons ces gens-là qui nous gèrent, qui préfèrent aller utiliser la presse. On paye une certaine presse pour chercher à me noircir mais les agents de la mairie de Libreville ne sont pas dupes. Je regrette pour mes amis de « Kongossa News » moi je suis leader j’aurai pu les attaquer peut être même saisir la HAC, mais j’ai dit qu’en tant que leader, je dois travailler avec tous les journalistes.
Donc je voudrais excuser ceux-là, ils ont été approchés, mais quand on est approché on vérifie l’information, parce que là ils font dans la diffamation. Je n’ai jamais bénéficié d’avancement à titre exceptionnel, c’est du n’importe quoi et je défie quiconque de me brandir les deux textes, puisque si j’ai bénéficié de deux avancements à titre exceptionnel c’est qu’il existe deux textes, sous Léandre et sous Mba Ntutume. Je défie quiconque de passer même devant les médias, de m’inviter pour dire Monsieur Madouta, vous parlez à distance, je suis prêt à affronter qui que ce soit sur cette question et qu’on me brandisse les arrêtés en question.
Donc c’est de la diffamation pour mon frère de Kongossa News, bon quand on parle déjà de Kongossa j’ai même négligé. Quand un média a pour nom « kongossa », faudrait bien comprendre que ce qui est dit dans ce média vient simplement du kongossa.
Quel bilan vous faites des plus an du Délégué Spécial à la tête de la Mairie de Libreville ?
Madouta reste constant, je voudrais relever ici que je n’ai pas de problème particulier avec le Délégué Spécial, c’est le lieu pour nous de nous asseoir, pour que la grille soit mise en place, pour ne pas mettre les élections en mal au niveau de la Mairie de Libreville, ou c’est une façon pour moi de m’exposer face aux autorités mais je les vois venir.
Mais les autorités ne sont pas dupes. Le Délégué Spécial sait ma franchise, je ne le fais pas parce que je veux faire un chantage. Je cherche quoi à la Mairie? Si je voulais être directeur général, je serais directeur général depuis que je suis arrivé à la mairie, personne n’est arrivé par concours. Donc je ne suis pas arrivé par concours à la Mairie de Libreville. J’ai des références et les gens qui ont travaillé avec moi savent que j’ai du répondant, donc si c’est pour des fonctions, y’a des gens qui n’ont pas le profil, mais qui occupent aujourd’hui des fonctions de DG. J’ai vu une nomination récente, on ne va pas débarquer un énarque, pour une personne qui n’a aucune référence. Donc quand je vais me lever pour parler, on dira que je suis contre un agent. On devait bien faire les choses à la Mairie de Libreville, la mairie est devenue un endroit où tout le désordre est permis et malheureusement nous connaissons ceux qui sont derrière cette situation. J’ai vu ceux qui ont été nommés, nous nous connaissons à la Mairie de Libreville et ce sont les mêmes personnes que nous avons décriées et je ne sais même pas si les Délégués Spéciaux Adjoints sont associés dans ce travail qui est fait pour notre institution. Il faudrait que les plus hautes autorités se penchent sur les questions de la mairie.
Monsieur le président, vendredi prochain vous organisez une AG. Va-t-on vers un débrayage à la Mairie de Libreville ?
Comme je l’ai indiqué pendant la conférence de presse, lors de l’assemblée générale, nous avons des comptes à rendre aux agents municipaux, donc il y’a beaucoup de sujets à évoquer. C’est au Délégué Spécial de comprendre que comme disait un grand homme, Jean François Ntoutoume Emane, pour ne pas le citer: « une maison où y’a trop de bruits attire les sorciers. Et bien faut que le Délégué Spécial comprenne qu’il y’a des gens qui veulent être à sa place.
Il y’a également ceux qui veulent la position de Madouta, parce qu’il faut dire que j’ai emmené le syndicalisme à un certain niveau à la mairie. Donc il y a des gens qui apprécient toujours mal. Au Délégué Spécial de comprendre les problèmes qui sont posés et chercher à les résoudre. J’avais fait une proposition au Délégué Spécial quand il est arrivé. J’ai dit que si la grille indiciaire ne peut pas se mettre en place, on pouvait d’abord basculer sur le régime indemnitaire. Nous avons travaillé sur cette question, les chiffres sont connus.
Comme vous le dites, on sera vendredi 13 décembre en assemblée générale. Ce sera l’occasion d’appeler à la mobilisation des agents municipaux parce qu’il y’a beaucoup de sujets qui seront traités. Ce n’est pas à moi de prendre les décisions, c’est aux agents de prendre les décisions. Maintenant, s’ils estiment rester dans cette situation, eh bien nous allons rester dans cette situation ensemble. Mais vendredi prochain, il y a une grande assemblée générale de grandes décisions.