Ce phénomène créé sous la gouvernance politique du parti démocratique gabonais et qui a, entre autres, permis largement à ce parti de garder une majorité écrasante dans les deux chambres du Parlement, est un élément qui a systématiquement faussé les résultats électoraux et a fini par tordre le cou aux principes démocratiques.
Par Jean Yves Ntoutoume
Imaginez une personnalité politique imposée aux populations comme savait bien le faire l’ancien parti unique, le PDG, pour en faire un roitelet politique de la localité, comme il en existait sous le régime Bongo/PDG dans plusieurs circonscriptions politiques. Alors que sur le terrain, la personne imposée, comme c’était souvent le cas, était contestée. Mais au lieu d’entamer un réel travail de séduction auprès des populations, elle s’impose plutôt par des pratiques peu recommandables en démocratie, en important les électeurs dans sa circonscription politique contre les espèces sonnantes et trebuchantes.
Baptisée « diaspora » électorale, cette pratique s’est répandue sur toute l’étendue du territoire national. C’était la chasse aux badauds en âge de voter. Peu importe que ce bétail électoral n’ait aucun lien ou intérêt dans la circonscription de l’homme politique.
Lors du récent scrutin référendaire du 16 novembre dernier, plusieurs cadres du PDG, qui ont inscrit les « bœufs votants » dans leurs circonscriptions politiques ont été confrontés à cette situation créée par eux-mêmes. C’est à dire que ces derniers n’ont pas pu réunir cette diaspora électorale, faute de moyens suffisants, puisque n’étant plus aux affaires. Conséquence, l’absence de cette diaspora électorale a largement contribué au fort taux d’abstention constaté récemment dans plusieurs bureaux de vote du pays. Ajouté à ce phénomène, le nombre d’électeurs inscrits et décédés qui existent toujours sur une liste électorale qui nécessite aujourd’hui un sérieux toilettage, pour ne pas dire une réelle mise à plat. Car, il apparaît clairement que depuis le lancement de liste électorale biométrique en 2013, cette dernière n’a jamais connu une révision profonde.
Ici, la refonte de la liste électorale doit être un préalable avant les prochains scrutins et la fameuse diaspora électorale doit être proscrite par la loi, si le Gabon veut réellement s’inscrire dans une dynamique de restauration des institutions.
Dans ce contexte, le nouveau code électoral doit impérativement interdire cette manipulation des consciences, le vote étant dans un système démocratique un acte qui engage le citoyen en âge de voter, ce dernier doit s’inscrire volontairement et en toute âme et conscience, sur la liste électorale, sans contrainte ni chantage. Ce, d’autant plus que le système démocratique que le Gabon a choisi consacre le principe: un homme, une voix.
Des sanctions pénales doivent aussi être prises dans le nouveau code électoral à l’encontre des personnes ou des personnalités qui se rendraient responsables de ces inscriptions contraignantes sur la liste électorale qui constituent une fraude électorale.
D’où la nécessité de mettre fin aux pratiques anti-démocratiques sur lesquelles s’est longtemps appuyée la popularité électorale d’un certain nombre d’anciens barrons et quelques jeunes loups aux dents longues de l’ancien régime.