Créé en 1998, le département du Komo Océan est l’une des composantes de la province de l’Estuaire, située dans le Como, avec une ouverture dans l’océan Atlantique. Ce département, volonté personnelle de feu président Omar Bongo, a vu naître de vaillants enfants au caractère souvent bien trempé à l’instar de Jean hilaire Aubame, professeur Nzoghe Nguema, Dr Philippe Biyoghe, Dr Norbert Ndong, ce bout de terre a toujours été frappé par la particularité de son histoire.
Département à la fois convoité et oublié, l’un des premiers pôles économique et industriel du Gabon s’est nourri d’une réalité cosmopolite due à l’attrait pour les Gabonais de toutes les provinces du pays, à s’y rendre pour trouver du boulot grâce à ce consortium, installé dans la zone de Nfoulezem pour exploiter, transformer et exporter le bois précieux du Gabon vers d’autres cieux et principalement la France et Brazzaville, capitale de l’Afrique Équatoriale française. Grâce au bois de Nfoulezem, dans le Komo Océan, le chemin de fer » Congo Océan » n’avait jamais manqué de bois pour ses traverses.
C’était l’âge d’or de ce coin du Gabon qui, quelques années plus tard connaîtra une descente aux enfers. Réquisition des grandes parties de terre pour le parc de Pongara et la réserve de Wonga-Wongué obligeant les populations à abandonner leurs techniques et pratiques de subsistance, la chasse et l’agriculture, le conflit hommes-faune s’imposant sans qu’il y ait véritablement compensation.
Entre interrogations et colère
Le Como Océan à deux visages, celui reluisant de la Pointe Denis avec ses fastes et ses lambris et le reste avec son histoire et sa nostalgie, traduction de son héroïsme passé. Et pourtant, en érigeant Nfoulezem en sous-préfecture et Ndzomoe en préfecture, Omar Bongo a pensé corriger ce qui apparaissait comme une injustice avec des lancements des projets structurants et des bases d’un développement harmonieux et dynamique. Mais tous ces projets et chantiers pourtant financés sont rentrés dans le musée très encombré des éléphants blancs. Le Komo Océan aujourd’hui souffre de cette indifférence qui semble entretenue. Les populations de ce département disent ne pas comprendre le sort qui leur est réservé. Elles prennent pour preuve, le manque d’implication des fils et filles de cette partie émergée de la province de l’Estuaire, le peu d’opportunités que l’on trouve encore de nos jours dans ce coin perdu et pourtant, à quelques encablures de la capitale gabonaise, ne profite guère aux communautés résidentes. La présence des majors dans l’exploitation du bois qui occupent des hectares de forêts sans pourtant les exploiter privant ainsi les populations actives d’opportunités d’emplois. À l’exemple d’ I.F.K dit-on et Olam Gabon qui mettraient ainsi sous cloche la vie de la jeunesse de ce département. Le département semble subir une malédiction, même les quelques ouvertures faites par l’État central pour soulager les familles précarisées dont la gestion est placée entre les mains de ressortissants du département ne profite pas où presque aux populations. L’exploitation de carrières de gravier dans le deuxième canton, 1er arrondissement, est une arlésienne. Tout comme la gestion de la forêt communautaire, octroyée il y a près d’une dizaine d’années par l’État afin de faire revivre le Komo Océan, en partant des quatre villages bénéficiaires autour de la zone historique de consortium de Nfoulezem qui, il y’a moins d’un an, a lancé avec tambours battants, un projet de construction d’un village communautaire pour ramener et encourager les fils et filles desdits villages à revenir s’installer et investir dans leurs villages abandonnés. Lancement tonitruant, suivi des travaux, puis silence radio, sur le chantier en question sans aucune explication des gestionnaires de la forêt en question. Quand on imagine les dizaines de millions engloutis dans ledit projet, beaucoup pensent à un unième éléphant blanc.
Alors intervient la question capitale qui fâche le Komo Océan surtout les populations qui vivent là-bas dans la précarité: le Président de la Transition n’a-t-il pas eu raison de ne pas s’y rendre car en réalité, il n’y a rien à voir là-bas et que tout ce qui pourrait être proposé se retrouvera à la galerie des éléphants blancs du Komo Océan ?
Chantiers abandonnés
Dernièrement, il était diffusé sur les réseaux sociaux une courte vidéo retraçant une visite d’État des lieux du gouverneur de la province de l’Estuaire dans le département, sans les responsables administratifs et politiques du département ni même la notabilité, où un porte-parole des populations s’était évertué à présenter la nécessité pour le département du Komo Océan de voir le président de la Transition dans le département comme c’était le cas partout ailleurs. Au moins, le gouverneur a, elle-même, touché du doigt le niveau de désespoir de ses administrés, surtout quand une vague de destitutions des chefferies semble avoir emboîté le pas. La suspension de la cheffe d’un regroupement de villages, ancienne de 38 ans dans la fonction, sans motif précis, mais dont les soupçons vont dans le sens de la désolation trop prononcée de la mise à l’écart de son département pendant la première tournée républicaine de son champion de libérateur. La question qui reste et qui s’impose: qui a intérêt à ce que le Président de la transition, Président de la République, chef de l’État, le Général Brice Clotaire Oligui Nguema, ne visite point le département du Komo Océan ?
Nous y reviendrons avec détails.